30ème dimanche du temps ordinaire - C
À quelques jours de la Toussaint, qu’il nous soit permis d’entendre avec une saveur toute particulière ce que Saint Paul, au soir de sa vie et en prison, écrit à son jeune ami Timothée : « Je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi ».
Aucune vantardise ! Aucune ostentation ! Saint Paul, le converti du chemin de Damas, témoigne avec courage et abnégation de sa rencontre avec le Christ et de son Espérance ! Et de la vie après la mort !
Mes amis, quelles seront nos dernières paroles ? Que dira-t-on de chacun de nous quand l’heure viendra de rejoindre la Jérusalem Céleste ?
Le langage de Paul nous laisse entendre qu’il a vécu toute sa vie d’une manière sportive. Il a certainement beaucoup marché, car, à part la navigation, les moyens de déplacement terrestre étaient à son époque la marche ou le voyage en caravane. Il dit avoir achevé sa course, comme un athlète, et qu’il n’a plus qu’à recevoir la couronne de justice. Il a sûrement raison, car après avoir parcouru l’Asie Mineure, la Grèce et prolongé sa route jusqu’à Rome, il peut se dire qu’il va quitter cette terre, mais qu’après lui, « ce ne sera pas le déluge », car il a semé, beaucoup semé et que d’autres vont prendre le relais après lui ! Il a proclamé l’Évangile à temps et à contretemps, car l’Évangile qu’il a reçu doit être transmis jusqu’au bout. Il faut que toutes les nations l’entendent. Toutes doivent savoir que Dieu leur fait miséricorde !
Paul n’est ni vaniteux ni prétentieux. Il a été tellement retourné par le Christ, tellement travaillé de l’intérieur par son Amour, qu’il ose dire qu’il a trouvé en son Seigneur la force et le dynamisme qui lui ont permis de parcourir le monde en témoignant de sa foi.
« Devenir juste » comme le dit Jésus dans l’Évangile, dépend d’abord de notre volonté de croire que Dieu peut agir en nous !
Paul s’est laissé réconcilier avec le Christ. Bien loin des chimères et des apparences, avec ses luttes et son péché, il découvre l’amour gratuit de Dieu pour lui.
Paul est passé du pharisien au publicain si je puis dire ! Pourquoi ?
Le pharisien, dans l’Évangile, éclate d’orgueil et le second respire l’humilité !
Le premier, plein de suffisance, s’écoute parler. Avec ravissement, il contemple la beauté de sa conduite ! Il se suffit à lui-même et il n’a pas peur de dire à Dieu « qu’il est un type bien ». Un mot résume son état d’esprit : autosatisfaction.
Le second, se tient à distance. Il sait qu’il est pauvre et surtout imparfait, plein de manques et de doutes. Il attend. Il est fondamentalement disposé à devenir meilleur, mais, pour cela, il sait qu’il a besoin du secours de Dieu, car il ne peut s’en sortir tout seul. Il laisse Dieu poser son regard sur lui et lui révéler son visage. Il espère en la Miséricorde : Dieu peut venir le délivrer. « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! ».
Aujourd’hui, Jésus nous met devant l’essentiel ! Le juste n’est pas celui qui croit l’être. Le juste, c’est celui qui demande la miséricorde pour devenir un homme droit, un homme « justifié » et « ajusté » à l’amour de Dieu. À chaque messe, nous commençons toujours par un appel à la tendresse du Père : « Seigneur, prends pitié » ! Et avant d’aller communier, nous invoquons « l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ».
Quelles attitudes ou quelles paroles aurons-nous au soir de notre vie ?
Peut-être les mêmes que Saint Paul : « j’ai mené le bon combat…, j’ai achevé ma course …. J’ai gardé la foi …
Ou peut-être simplement dirons-nous : « Je suis là, Seigneur. Prends-moi dans ton Amour. Je ne sais pas très bien où j’en suis ou bien, je le sais trop. Mais prends-moi dans ta Miséricorde. Peut-être ne suis-je pas digne de toi, Seigneur, mais sans toi, je ne peux pas avancer dans la paix de Ton Ciel ».
Pour terminer, en écho au testament de Saint Paul et à notre méditation, je vous offre ce magnifique texte du Père Jacques Leclercq (1891 – 1971) : « Je viendrai vers toi. »
Je crois, oui, je crois qu’un jour,
Ton jour, ô mon Dieu,
Je m’avancerai vers Toi avec mes pas titubants,
Avec toutes mes larmes dans mes mains,
Et ce cœur merveilleux que tu nous as donné ;
Ce cœur trop grand pour nous
Puisqu’il est fait pour toi.
Un jour, je viendrai, et tu liras sur mon visage
Toute la détresse, tous les combats,
Tous les échecs des chemins de la liberté.
Mais je sais, ô mon Dieu,
Que ce n’est pas grave le péché
Quand on est devant toi.
Car c’est devant les hommes que l’on est humilié.
Mais devant toi, c’est merveilleux d’être si pauvre
Puisqu’on est tant aimé.
Amen.