Homélie du 14 Juillet 2024

Homélie 15ème dimanche du Temps Ordinaire (B)

Aujourd’hui Dieu fait quelque chose d’extraordinaire : « Il nous dévoile le mystère de sa volonté » nous dit St Paul dans la deuxième lecture.

Arrêtons-nous quelques instants sur cette affirmation exceptionnelle !

Est-ce que nous réalisons l’immense honneur que Dieu nous fait de partager avec nous le plan de son projet divin. Il n’a aucune obligation de le faire, il ne nous doit rien et pourtant il montre sa tendresse pour nous en nous dévoilant le mystère de sa volonté.

Quand Dieu s’adresse à un être humain, ça ne doit pas laisser indifférent. C’est toujours surprenant et parfois, comme on ne sait pas très bien comment réagir face à ce que Dieu nous dit, on préfère vivre comme si de rien n’était.

Il me semble que cette révélation de Dieu pour chacun de nous, nous met face à trois questions :

• Comment prêtons-nous attention à ce que Dieu veut nous dire ?
• Comment recevons-nous cette révélation ?
• Comment ce mystère oriente-t-il nos vies ?

Comment prêtons-nous attention à ce que Dieu veut nous dire ?

Nous avons entendu dans le psaume : « J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? ». C’est l’attitude de fond du Chrétien : écouter. Sans écoute il ne peut pas y avoir de dialogue. Pour qu’il y ait un vrai dialogue, il faut un temps gratuit avec celui qui veut nous parler. C’est vrai pour le dialogue avec Dieu, ça s’appelle la prière. Mais c’est aussi vrai pour le dialogue dans un couple ou entre amis : il faut un moment spécial dédié à cette rencontre. Je t’écoute, qu’est-ce que tu as à me dire ? C’est le début de notre ouverture de cœur vers l’autre.

Être prêt à dialoguer suppose d’avoir le cœur ouvert à la nouveauté. Mais attention, nouveauté ne veut pas dire révolution. Il ne s’agit pas de remettre en question tout ce qui était vécu mais d’approfondir son amour en faisant un pas de plus dans le don de soi. La nouveauté lorsqu’on est déjà engagé sur un chemin de vie chrétienne, c’est l’approfondissement d’un amour dans la fidélité, pas dans la rupture. Alors sommes-nous prêts aujourd’hui à redire avec un cœur ouvert à la nouveauté : j’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?

Comment recevons-nous cette révélation ?

Nous pouvons passer à cette deuxième question. Avec cette ouverture de cœur, on peut se laisser saisir par l’autre, c’est ce qui s’est passé pour le prophète Amos. Dieu l’a saisi alors qu’il était en train de travailler. Nous aussi dans notre vie quotidienne, Dieu ne cesse de nous faire des signes, de nous tendre des perches mais est-ce que nous les saisissons ? Entendre ce que Dieu nous dit et le recevoir concrètement pour nous c’est deux choses différentes. Bien souvent nous savons ce que Dieu dit mais nous n’avons pas laissé sa parole descendre au fond de notre cœur. Il s’agit de se laisser saisir, accepter de remettre tout notre être entre les mains de Dieu. Dieu nous fait cette grâce immense de nous dire explicitement le but principal de notre existence : il nous a choisi pour que nous soyons saints devant lui dans l’amour. C’est le seul but qui compte. Le fait de savoir que nous sommes faits pour ça nous donne la paix. Il y a tant de personnes qui vivent dans l’angoisse car elles n’ont aucune idée du sens de leur vie. Notre problème et ce qui peut venir troubler cette paix, c’est que nous ajoutons des buts secondaires à notre existence. Ces buts peuvent être bons s’ils sont ordonnés au but principal : fonder une famille, se donner dans un travail qui contribue au bien commun. Mais ces buts secondaires ne sont qu’une perte de temps s’ils ne conduisent pas à une plus grande proximité avec Dieu. Voilà le vrai critère de discernement pour les grands événements de nos vies : est-ce qu’en faisant ça, je me rapproche de Dieu ?

Comment ce mystère oriente-t-il nos vies ?

Cela nous conduit à notre troisième question. Accueillir la révélation de Dieu ne peut pas nous laisser dans notre routine. Cette révélation que nous sommes appelés à la vie éternelle dans la gloire de Dieu doit orienter tous nos choix. Cela ne veut pas forcément dire que nous devons tous devenir martyr ou moine parce que c’est la voie la plus directe pour s’unir à Dieu. Mais nous devons tous avoir le service du Christ comme boussole pour notre vie. Les moyens seront différents en fonction de notre état de vie : si nous sommes actifs, mariés, consacrés, retraités, veufs, célibataires… Mais le sens de nos vies reste le même. Nous devons tous nous tourner ensemble dans la même direction. Nous sommes tous orientés vers la même destination. C’est peut-être le moment pour nous de regarder les différentes options prises dans nos vies et de voir si elles convergent toutes dans la même direction. C’est aussi l’occasion pour ceux qui se sentent à l’arrêt, de se remettre en route.

Le Seigneur compte sur nous, nous sommes tous appelés à collaborer à l’annonce de son royaume. Commençons par prêter l’oreille à sa Parole et disposons-nous à la recevoir personnellement pour qu’elle oriente nos choix de vie.

Pour être ces collaborateurs fidèles, redemandons ce que nous avons chanté lors de l’alléluia : Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur, pour que nous percevions l’espérance que donne son appel.

Amen.

Père Thibault de Bruyn