Homélie du 16 juin 2024

L'actualité de ces derniers jours tourne nos regards le Royaume de France, et le spectacle n'est malheureusement pas vraiment pour nous réjouir… Vous lirez sûrement avec intérêt l’éditorial de notre curé à ce sujet.

L’évangile de ce jour lui, nous parle du Royaume de Dieu, et voilà qui  nous réjouit !

Et pourtant, notre foi nous pousse  à croire que le Royaume de Dieu n'est pas étranger à notre condition humaine.  Parce que Dieu a tant aimé le monde, l’espérance est au cœur de notre foi chrétienne. Sinon, Frères et Soeurs, qui veillera sur l’espérance ?

Dans cet évangile, Jésus utilise une fois de plus une parabole.

Mais, précise Saint Marc, il expliquait tout en particulier à ses disciples c'est-à-dire à vous et à moi, chers amis. Il ne le fait pas pour réserver un mystère à des initiés, comme dans une secte. Mais parce que seule l’adhésion à Jésus permet d’aller au-delà de ce qui est accessible à la foule. Seule la foi nous permet de comprendre de l’intérieur et en profondeur la lumière de l’évangile.

Le Royaume de Dieu, c'est d'abord sa parole. Jésus emploie de nombreuses paraboles à ce sujet : le Royaume de Dieu est comparable à une perle rare, à un trésor caché, à un filet plein de poissons. Mais pour le trouver, il faut aller à sa recherche, jeter ses filets, creuser en profondeur. Si nous creusons le trésor de la Parole de Dieu, si nous l’accueillons au plus profond de nous-mêmes, la parole de Dieu semée en nous ne cesse de grandir et de porter du fruit dans nos vies.

Mais à l’inverse, si le livre de la Parole de Dieu reste fermé sur une belle étagère, comment peut-il porter du fruit ?

La Bible est le livre le plus vendu dans le monde, mais, proportionnellement le moins lu. Plusieurs d’entre nous participent à l’évangélisation de parvis, devant la cathédrale, plusieurs fois dans l’année, en allant au-devant des passants et des touristes. Nous cherchons le plus souvent à leur partager la parole de Dieu, en distribuant, par exemple, un verset de l’évangile, une parole de Dieu pour chacun d’eux. Et beaucoup sont touchés. Personnellement, lorsque l’on rencontre une famille, je pose souvent la question aux jeunes :

• Tu as déjà lu la bible ?
• . non.
• Tu en as une ? -
• Euh… non.

A ce moment là, souvent la maman intervient en disant : « Mais si, tu en as une, ta grand-mère te l’avait offerte pour ta profession de foi.. »

• Ah… peut-être.. Mais je sais même pas où elle est..

Alors je reprends

• Tiens, je vais te faire un cadeau de la part de notre paroisse-cathédrale. Je te donne ce petit livret « La Bible en bref », avec une vingtaine de texte choisis de la bible. Ca se lit en moins d’une heure. Tu veux bien ?
• Euh oui…
• Mais alors, à 2 conditions : la première, tu t’engages à le lire
• OK
• Et la 2^ème ; quand tu as fini de le lire, tu le donnes à un copain pour qu’il le lise aussi.
• Ca marche….

Je ne sais pas si ça marche, car après cela dépend d’eux, comme dans l’évangile « dans la mesure où ils en sont capables … ». Comme Dieu, nous devons respecter leur liberté. Mais j’ai parfois eu des retours de jeunes fiancés, par exemple, qui me disent que ce livret leur a redonné le goût de lire la suite. Un peu comme une bande-annonce, en quelque sorte …

Est-ce que nous pouvons faire un plus beau cadeau à ces jeunes en leur donnant l’occasion de découvrir ou re-découvrir la parole de Dieu ?

Le Royaume de Dieu, c’est finalement Jésus-lui-même. Car la parole de Dieu c'est Jésus. Jésus est cette graine de vie divine semée dans le sein de Marie, pour devenir cet arbre de vie immense et lumineux pour toutes les nations. Et quand notre paroisse se met au service du Royaume, en particulier quand elle accueille les touristes de passage, elle est comme un arbre qui a grandi et qui étend de longues branches  pour que les oiseaux puissent y trouver fraicheur et refuge.

Vivre le royaume de Dieu, c’est simplement servir Dieu et ses prochains, humblement, avec amour. Or la moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. Il est encore temps d’entendre l’appel que nous avons fait ces dernières semaines, pour tous les services qui sont nécessaires à la vie de ce petit coin du Royaume qu’est notre paroisse. « Celui qui a des oreilles, qu’il entende »…

Ce dimanche 2 ordinations auront lieu à Sainte D’Auray. On rappelle souvent, à cette occasion que Dieu n'appelle pas ceux qui sont capables, mais qu’il rend capables ceux qu'il appelle, c'est-à-dire nous tous, chacun selon sa vocation.

Et cette parabole du Royaume s'accomplit tous les jours devant nos yeux si nous savons le voir. 

Je pense à ce qui vit ici même, chaque dimanche, grâce à la pastorale des sourds. Par le service de quelques-uns, même les sourds entendent la Bonne Nouvelle, dans la langue des signes qui est la leur. Est-ce que ce n’est pas un magnifique signe du Royaume de Dieu ?

Autre  exemple, j’ai participé cette semaine à la fête de l'école d'une de mes petites filles. Pendant le spectacle, une cinquantaine d'élèves chantaient en dansant, guidées par leur maîtresse qui battait la mesure. Mais parmi les élèves, il y avait aussi un petit garçon trisomique que la maîtresse avait placé à ses côtés et qui imitait les gestes de la maîtresse en battant la mesure, lui aussi. A la fin du spectacle, les élèves ont salué le public en s’inclinant, et le public a applaudi. Alors le petit garçon trisomique à son tour a salué le public, tout seul, en s'inclinant, et le public l’a applaudi. Il a eu l’air un peu surpris mais très heureux, et il s’est avancé au bord de la scène et il a salué avec un immense sourire. Et alors l'assemblée l'a applaudi encore plus fort en lui faisant comme un triomphe. Ces applaudissements étaient comme une grande manifestation de respect, d’admiration et de joie envers ce petit enfant différent. Ce soir-là, oui vraiment, le Royaume de Dieu s'est accompli devant nous.

Je ne voudrais pas conclure sans évoquer cette belle fête des Pères que nous allons honorer ce dimanche. Tous les enfants de France cette semaine cherchaient non pas pour qui ils allaient voter, mais ce qui pourrait faire plaisir à leur papa, et ils l’ont trouvé parce qu’ils y ont mis tout leur amour. Donc bonne fête aux papas.

Mais on pourrait aussi se demander pour notre Père du ciel aujourd'hui et chaque jour : Seigneur qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Non pas à moi, mais pour une fois, à toi Seigneur. Or le plaisir de Dieu n'est pas à notre manière : il n'a pas besoin d'un objet de plus, puisqu’il possède déjà tout. Pas d’un moment de loisirs non plus car il ne se repose jamais de sa seule occupation qui est d’aimer, de nous aimer. Son plaisir, c'est précisément que son Royaume d'amour grandisse. Ce que nous disons chaque jour, et trop souvent peut-être sans y penser : « Que ton règne vienne ». Amen

Etienne ROGINSKI - Diacre