« Et les mages regagnèrent leur pays par un autre chemin » !
Gaspard ! Melchior et Balthazar ! Tout le monde connait ! De l’or, de la myrrhe et de l’encens ! Tout le monde le sait !
Epiphanie : manifestation, révélation ! Ce sont les signes que Dieu choisit pour se manifester, pour se révéler, pour se faire connaitre !
A Noël, on fête Dieu caché dans la chair d’un petit enfant nouveau-né !
A l’Epiphanie, on fête Dieu fait homme qui se dévoile à tous les hommes !
Ainsi ce qui était caché est révélé. Ce qui était invisible se rend visible !
Aujourd’hui, mes amis, une grande question se pose à nous. S’il est vrai que l’Epiphanie signifie manifestation, alors comment Dieu se manifeste-t-il à nous encore aujourd’hui et comment le donner à voir et à contempler encore en 2024 ?
Où est donc l’Epiphanie du Seigneur aujourd’hui ? C’est sans doute la grande question !
Pour répondre à cela, permettez que je revienne au « Triple A » évoqué lors de notre rentrée paroissiale en septembre dernier. Et vérifier ensemble comment ce «Triple A » est pour nous aujourd’hui ce qui découle du témoignage des mages dans l’Evangile.
A comme Ardeur : lorsque les mages arrivent à Jérusalem et que le Hérode semble mettre en doute la pertinence de leur voyage, ils gardent la même ardeur. Ils sont à la recherche du roi des juifs annoncé par la prophétie et rien ne peut les décourager, ils continuent. Arrivés à Bethléem, lorsqu’ils découvrent un enfant sur la paille, leur ardeur reste constante, ils s’agenouillent et reconnaissent Celui que le monde attendait.
Comment ne pas être saisis par l’attitude des mages ? Des intellectuels, des scientifiques, des astrologues qui s’inclinent devant un enfant en qui ils discernent Dieu-fait-homme. Comme les mages, faisons ce geste d’adoration et reconnaissons la grandeur de l’amour de Dieu. Notre adoration est une action de grâces pour les merveilles que Dieu a faites et qu’il continue à faire maintenant dans notre monde !
Demandons au Christ l’Ardeur d’une belle et sincère fidélité avec Lui ! Personnellement et en paroisse. Puissions dire de nous non pas « voyez comme ils sont bons ou performants » mais « voyez comme ils donnent à voir la joie d’être enfants de Dieu par la prière, le chant, le silence, l’action de grâces et l’adoration véritable !
A comme Audace : et l’ardeur des mages se prolonge par une audace d’offrande de ce qu’ils ont de mieux à donner. C’est ce qui est symbolisé par le don de l’or, l’encens et la myrrhe. Ils offrent les trésors qu’ils avaient préparés, oh, sans doute pour un roi adulte, plutôt que pour un enfant ! C’est pourquoi leur audace est évidente. Que peut faire un enfant avec de l’or de l’encens et de la myrrhe ? C’est là que l’évangile anticipe nos questionnements, car Dieu n’est jamais surpris par ce que nous lui offrons.
Nous sommes parfois « à côté de la plaque », mais Jésus prend tout dès lors que nos cœurs sont droits et sincères. « Avant d’adorer cet enfant, décharge-toi de tout ce qui t’encombre » disait un jour Saint Jean Chrysostome. Ayons l’audace et la simplicité d’offrir au Christ notre petitesse et nos misères, cédons lui l’or de nos richesses matérielles et déposons-lui la myrrhe de nos talents et qualités reçus et créateurs.
Nos misères reconnues et assumées dans la foi et déposées à la crèche sont un beau cadeau à l’Enfant Jésus !
A comme Adaptabilité : Alors, par quel chemin, sont-ils repartis nos 3 amis ? Sans doute avaient-ils préparé leur itinéraire, comme ils en avaient l’habitude, comme des « pros » du voyage !
Mais, « Le nouveau Roi, devant lequel ils s'étaient prosternés, était très différent de ce qu'ils attendaient. Ils devaient changer leur idée sur le pouvoir, sur Dieu et sur l'homme, et, ce faisant, ils devaient aussi se changer eux-mêmes.
Le mode d'agir de Dieu est différent de ce que nous imaginons et de ce que nous voudrions lui imposer. » (Benoit XVI -JMJ Cologne 2005)
C’est donc, devant la crèche que commence la mise à jour de nos logiques de pensée, de nos raisonnements étriqués.
On n’annonce pas l’Evangile pour se rassurer, pour inverser les courbes, pour gagner la compétition. On n’annonce pas l’Evangile pour le plaisir d’avoir raison. On n’annonce pas l’Evangile avec l’esprit du monde, fait de concurrence et d’appartenance identitaire, justement parce que, « dans ce monde Dieu n'entre pas en concurrence avec les formes terrestres du pouvoir ». (Benoit XVI)
L’Epiphanie, c’est la manifestation de Dieu à tous les hommes. C’est la révélation faite à chacun qu’il est aimé, en Jésus-Christ, d’un amour gratuit, inconditionnel, infini. C’est de cet amour si beau et si bouleversant que nous sommes appelés à vivre et à témoigner au quotidien de nos vies.
A comme Adaptabilité : Nous y reviendrons. Les défis sont nombreux pour notre paroisse cathédrale :
- Nourrir la communion inter générationnelle ;
- Accompagner les recommençants de tous ordres : jeunes, parents du caté, parents de nos écoles, etc…
- Développer les fraternités autour de la Parole de Dieu ;
- Identifier les nouvelles pauvretés et oser le défi de la Consolation ;
- Le Parvis et l’annonce à tous ceux qui ne connaissent pas encore Jésus ici en Centre-Ville, etc…
Nous ne pouvons pas reprendre la route comme nous sommes venus. Si nous étions installés, il nous faut bouger ; si nous étions inquiets, il nous faut être en paix ; si nous étions tristes, il nous faut tenter de retrouver un peu de joie ; si nous doutions, il nous faut OSER croire !
Déjà l’eucharistie nous met en marche, nous fait entrer en adoration et nous permet de présenter notre vie à Dieu en offrande spirituelle ! Pour le meilleur et pour le dire ensuite ! AMEN.
P. Patrice Marivin