J’imagine que vous avez votre téléphone portable sur vous !
Est-ce que vous l’avez mis en veille ou l’avez-vous éteint durant notre messe ?
Ce n’est pas du tout pareil. S’il est en veille, il suffit d’un clic pour le redémarrer !
Etre en veille, c’est être toujours réactif.
La question posée aujourd’hui, en ce premier dimanche de l’Avent, est la suivante : « Est-ce que nous sommes totalement éteints ou est-ce que nous sommes en veille ? ».
Jésus nous dit : « Veillez ! ». Il s’agit d’un impératif, ce n’est donc pas facultatif !
D’ailleurs, il s’agit ici d’une constante biblique : « Sous tes remparts Jérusalem, j’ai placé des veilleurs » nous dit le livre d’Isaïe et Jésus reprend dans l’Evangile les quatre veilles classiques : le soir, à minuit, au chant du coq et le matin.
Jésus nous dit : « Prenez garde » ! Prenez garde signifie que que l’on prend une garde. Il y a comme cela beaucoup de professions qui sont de garde, c’est-à-dire qui restent éveillés quand les autres dorment : les pompiers, les policiers, les médecins, les gardiens de prisons et tant d’autres !
Non pas être sur nos gardes mais prendre et assumer une garde. Ce temps de l’Avent fait de nous des veilleurs, pas seulement des gardiens qui surveillent nonchalamment, mais des gardiens de la maison de Dieu, et, pour mieux le dire : des portiers !
Voilà la Bonne Nouvelle qui nous sera répétée tout au long de l'Avent : nos vies, si modestes qu’elles soient, peuvent contribuer à la gestation d’un monde nouveau, plus fraternel, en vue du Royaume.
Cela suppose, évidemment, que nous n’attendions pas l’avènement du Royaume de Dieu avec passivité ! Voire pire, en oubliant même que nous attendons Quelqu’un !
Combien de fois ne nous est-il pas arrivé de passer à côté des choses essentielles ? C’est pour cela que Jésus a mis ses apôtres en garde en leur disant « Veiller et prier ! » De fait, veiller, c’est prier.
Voilà donc notre raison de faire « Avent ». Avec Zacharie, Elisabeth, Joseph et Marie, nous allons être en attente jusqu’à Noël pour accueillir le mystère de la nouveauté de Dieu qui va « renaître » en nous. Nous n’aurons jamais fini d’attendre un sauveur, qui n’aura jamais fini de déjouer nos attentes.
C’est exactement cette expérience qu’a éprouvée Ste Thérèse à Noël 1886 à l’âge de 13 ans. Elle appellera ce Noël 1886 celui de sa "conversion". En regardant l’Enfant-Jésus de la crèche, la petite "pleureuse" introvertie qu’elle était, comprit soudain qu’un Dieu fort se cachait sous les traits de ce nouveau-né, et que ce Dieu-là était capable de la transformer en une jeune fille combattante pour son amour.
C’est ainsi, qu’après dix ans d'efforts, elle fut complètement guérie de son hypersensibilité infantile. Elle prit, la décision d’entrer dans la vie adulte avec une âme et un cœur totalement donné aux autres et à Jésus.
Comme pour la petite Thérèse, la façon dont Jésus viendra renouveler nos vies à Noël dépendra de notre attente, de nos attentes, de nos veilles ….
« Quel sera cet enfant » ? C’est la question que se posent tous les parents qui attendent un enfant.
Demandons à Dieu que l’enfant de Noël, soit Jésus « l’Emmanuel-Dieu-avec-nous » pour consolider nos conversions dans son amour.
En Avent toutes ! La veille n’est pas pour demain, c’est aujourd’hui et maintenant ! Ne soyons pas éteints, mais réactifs parce qu’en veille !
AMEN.
P. Patrice Marivin