Homélie du 19 novembre 2023

33è dimanche du temps ordinaire - A - messes de 11 heures et 18 heures

Nous voici déjà au quasi-terme de notre année liturgique !

Dans quinze jours, nous entrerons déjà dans le temps de l’Avent vers NOEL !

La Parole de Dieu de ce dimanche oriente notre regard vers le terme de notre destinée humaine, et l’Evangile nous présente la célèbre parabole des talents.

Pour un peu, on pourrait la qualifier d'éloge du profit, car elle vante les astucieux gérants de « portefeuilles » et elle invite au rendement maximum …

Mais, c’est aller un peu vite que de résumer la parabole à une affaire de comptabilité. Nous ne sommes pas ici en présence d'une gestion d’entreprise mais d'une révélation en vue de « la venue du Seigneur ».

Tentons de comprendre !

Tout d’abord, replaçons la parabole au temps de Jésus. A quoi correspondait un talent à son époque ? Ce n’était pas une simple pièce de monnaie ! D’après les historiens, un talent équivalait à un poids d'or ou d'argent de trente à soixante kilos ! Aujourd’hui, ce serait 20 ou 30 années de travail ; presque toute une vie !

Dans la parabole, il s'agit donc de sommes inestimables confiées gratuitement. Dieu donne en abondance et même en surabondance.

Et puisque le « maître qui part en voyage » c’est Dieu lui-même, alors la parabole nous dit qu’il nous a confié, gratuitement, une immense richesse : le monde à construire, la beauté de la vie, NOTRE VIE, et tant d'autres « cadeaux ».

Dieu a remis toute une vie entre nos mains pour que nous la fassions fructifier et chacun a reçu à la mesure de ses possibilités. Il ne s'agit donc pas d’une distribution égalitaire, mais de la prise en compte des moyens de chacun.

La première leçon à tirer de cet évangile est que Dieu demande à chacun de faire tout SON possible pour gérer au mieux SA vie, en fonction de ses aptitudes, de ses capacités physiques, intellectuelles ou spirituelles.

Le 2è enseignement est que Dieu nous associe à ses affaires, c'est-à-dire à son Royaume ; chacun reçoit sa part de responsabilité. Dieu nous veut participants, « actionnaires » de sa Création.

Il nous place dans un monde rempli de possibilités pour que nous soyons créateurs avec lui, sans être propriétaires mais gérants.

Sommes-nous de ceux qui agissent ou de ceux qui enfouissent le capital reçu ?

Quels chrétiens sommes-nous ? Actifs ou passifs ? Féconds ou improductifs ? Confiants ou méfiants ? Craintifs ou joyeux ? Que faisons-nous de notre vie ?

La première lecture de ce dimanche tirée du Livre des Proverbes, nous a esquissé le portrait d’une femme parfaite, je dirai plutôt d’une femme idéale :

« On peut lui faire confiance, elle sème le bonheur, elle sait discerner, elle tend la main ».

Rien d’extraordinaire en fait ! Et pourtant, le texte dit que ce sont là des signes de perfection, on y devine déjà les béatitudes que Jésus proclamera.

Être disciple de Jésus, c’est accepter de prendre le beau du risque de vivre selon l’évangile !

Et en cette 7^ème Journée Mondiale des Pauvres, osons le risque de chercher à discerner comment semer le bonheur, comment tendre la main à ceux et celles qui en ont le plus besoin comment convertir nos propres pauvretés (égoïsme, manque de partage, repli sur soi, etc…).

Le drame du 3è serviteur, celui qui est qualifié d’infidèle, c’est qu’il a « stérilisé » sa vie, parce qu’il a eu peur et qu’il a douté de la bonté de Dieu.

Oh ! il n'a rien gaspillé. Il n'a rien perdu, non ! Mais il n'a rien fait. Il s’est méfié au lieu de faire confiance. Il a soupçonné Dieu d'être dur et implacable.

Au soir de notre vie, au terme de notre Pèlerinage sur terre, quelles seront les richesses que nous aurons à présenter au Seigneur ?

Est-ce que l’on pourra dire de chacun de nous : « Célébrez-le pour les fruits de son travail : parce que tout autour de lui, ses œuvres disent sa louange ? »( Pr  31, 31)

Que par cette Eucharistie, avec notre poids de grandeur et de misère, nous puissions rendre grâce à Dieu pour le cadeau de la vie qu’il a mis entre mains, et demandons-lui de nous aider à faire fructifier tous les dons qu’il nous a donnés. Amen

P. Patrice MARIVIN