Homélie du 12 novembre 2023

32è dimanche du temps ordinaire - A

Frères et sœurs,

Depuis mercredi dernier, un magnifique film nous est proposé au cinéma ! La vie de l’Abbé Pierre ! Ses joies, ses peines, ses failles et ses doutes, son combat inlassable contre la misère et en faveur des sans-logis ! Un jour, l’Abbé écrivit :

« Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.

Je continuerai à aimer, même si les autres diffusent la haine.

Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.

Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre » !

L’Abbé Pierre était un VEILLEUR et un EVEILLEUR de consciences ! Il puisait sa force et sa foi dans ses rendez-vous quotidien avec le Seigneur, puisant à l’huile de cette lampe dont nous parle l’Evangile !

La parabole entendue à l’instant est aussi l’histoire d’un rendez-vous : un rendez-vous honoré pour les unes et un rendez-vous manqué pour les autres !

Premier enseignement :

Les unes ont raté la rencontre, avouons-le, pour pas grand-chose : une question de réserve d’huile. Les autres y avaient pensé … oh un simple détail a-t-on envie de dire !

Pas sûr, car ce détail révèle un point important : les unes avaient décidé d’attendre jusqu’au bout, aussi longtemps qu’il faudrait pour ne pas rater le rendez-vous, alors que les autres avaient mis juste assez d'huile pour une attente limitée dans le temps, l'attente minimale et rien de plus.

N’est-ce pas ainsi que nous agissons souvent dans notre vie chrétienne ? On donne à Dieu le minimum de notre vie. Ainsi, on entend dire parfois :

• « J’ai été baptisé, j’ai fait ma communion, j’ai fait baptiser mes enfants … Pour le reste je verrai plus tard ….
• Je vais à la messe tous les dimanches (ou presque) un peu par habitude, mais à vrai dire je n’ai pas trop le temps de m’y préparer …. Il ne faut pas m’en demander plus, j’aviserai plus tard.

Et quand le « plus tard » arrive, on n’a plus d’huile, plus de désir de rencontrer l’époux, plus de désir intense d’être prêts pour le rendez-vous final, parce que ce RDV ne fait plus partie de notre préoccupation essentielle.

Alors sommes-nous comme les insensées de la parabole ? Allons-nous rater les rendez-vous du Seigneur parce qu’on n’a pas pris la mesure du temps ?

2è enseignement :

Apparemment les jeunes filles sages n’ont pas très bien compris à quoi correspond l’huile de leur lampe puisqu’elles disent à leurs compagnes « Allez chez les marchands en acheter. »

Conseil insensé ! Car le monde de la marchandise, du donnant-donnant, celui où il n'est jamais question de faire quoi que ce soit qui déborde n’est pas le monde de Dieu ! L’huile du désir de Dieu qui alimente les lampes de nos vies ne s’achète pas, parce qu’elle est inépuisable si elle est constamment entretenue !

Alors que retenir des trois textes de l’Ecriture que nous venons d’écouter ?

Ils nous invitent à ne pas différer les RDV que Dieu nous propose tout au long de notre vie, jusqu’à la rencontre finale après notre mort et au terme de l’histoire. 

Revenons à l’Abbé Pierre. Qu’a pu dire le Bon Dieu à Henri GROUES, l’Abbé Pierre, quand tout a basculé pour lui un certain jour de janvier 2007 ! Nous ne le savons pas et ne le saurons jamais. Mais, sans doute l’Abbé Pierre a -t-il pu s’entendre dire : « Viens, entre dans la joie de ton Maître. Entre au festin des Noces. Tu as mis assez d’huile dans ta lampe pour rester éveillé et garder en toi le désir absolu de me rencontrer. »

Attendre jusqu’au bout la rencontre ! Veiller car on ne sait pas quand le Maître viendra. Cette invitation peut retentir pour nous comme un avertissement ou encore une menace.

Mais ce n’est pas l’intention de Jésus. Ce qu’il veut nous dire, c’est que l’amour qu’il nous propose n’est jamais limité à une durée, ni à une temporalité. L’amour de Dieu est existentiel, il saisit ! « Quand on a Jésus, on a tout » disait Thérèse d’Avila.

C’est ce qu’a expérimenté l’Abbé Pierre dans toutes les activités de sa vie tournée vers les autres. Il n’a jamais mis de limites à sa charité. Il puisait l’huile de sa charité dans le Christ, dans son cœur à cœur avec lui.

Il était greffé sur Jésus, en attendant qu’apparaisse le versant lumineux de sa vie : sa rencontre avec le Christ Ressuscité !

Alors, comme l’Abbé Pierre, veillons et gardons nos lampes allumées, non pas dans des petits réservoirs mais dans des jerrycans XXL !  

Une question, peut-être, ce matin ? Veiller, pour moi, qu’est-ce que cela suppose ? Suis-je un veilleur ?

Pour y répondre je reprends les magnifiques paroles de l’Abbé Pierre  :

Veiller, c’est continuer à croire, même si tout le monde perd espoir.

Veiller, c’est continuer à aimer, même si les autres diffusent la haine.

Veiller, c’est continuer à construire, même si les autres détruisent.

Veiller, c’est continuer à parler de paix, même au milieu d’une guerre » !

Veiller c’est continuer à illuminer, même au milieu de l’obscurité !

Veiller, c’est dessiner des sourires sur des visages en larmes !

Veiller c’est donner de la joie là où il n’y a que tristesse !  

Veiller c’est tendre les bras à ceux qui se sentent épuisés ! Amen !