Homélie du 29 octobre 2023

HOMELIE MESSES DES 28 ET 29 OCTOBRE 2023

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton Esprit »

La réponse de Jésus aux pharisiens est on ne peut plus classique : elle est celle qu’ils attendaient, et ils ne peuvent que lui donner raison sur ce point.

Mais là où ça se gâte, pourrait-on dire, c’est dans la suite.

Parce que Jésus ajoute aussitôt :

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Nul doute que les pharisiens ont dû être déstabilisés en entendant Jésus, comme certainement nous le sommes nous aussi aujourd’hui, en écoutant ces paroles que, pourtant, nous connaissons depuis toujours.

Que veut dire Jésus ?

Celui6ci lie l’amour de Dieu et l’amour du prochain, tout en mettant l’amour du prochain en premier, mais en disant également que le second commandement, l’amour du prochain, lui est semblable.

C’est pour le moins déroutant !

Parce qu’on aurait plutôt tendance à privilégié l’un et à oublier l’autre. Et ça marche dans les deux sens !

Si nous n’y prenons pas garde, nous pouvons nous abriter derrière de savants développements théologiques sur l’amour de Dieu, tout en oubliant le prochain.

C’est la contemplation sans l’action. Et à l’inverse, on peut multiplier les actions, aussi bonnes soient-elles par ailleurs, envers son prochain, et en arriver à se passer de Dieu.

C’est l’action sans la contemplation.

Alors, comment faire ?

Prenons exemple sur Jésus.

Toute la vie terrestre du Christ nous donne un chemin possible, le seul chemin possible : un amour du prochain qui est le prolongement de l’intimité personnelle avec Dieu, et l’amour de Dieu dont la réalité ne peut que conduire à la rencontre du prochain.

Contemplation et action bien unies.

En faisant aux pharisiens cette réponse sur le « grand commandement », Jésus les renvoie à eux-mêmes, en leur disant que le seul commandement qui dépasse tous les autres, qui les balaie tous, c’est l’AMOUR ;

Et aujourd’hui, comme toujours, Il nous renvoie à nous-mêmes. Oui, pour moi, qui est Jésus ? Nous sommes bien incapables, avec nos seules capacités, notre seule volonté, notre seule intelligence, de répondre à cette question.

Seule la Foi peut nous permettre de comprendre, à notre mesure, que c’est l’amour de Dieu, cet amour inconditionnel de Dieu pour chacun de nous, qui va nous permettre, à notre tour, d’aimer.

C’est parce qu’on se sait aimé que l’on pourra aimer à notre tour.

Comme l’a dit le Pape François : « C’est la foi qui va nous donner le courage d’aimer ».

Et là encore, nous sommes renvoyés à nous-mêmes : quelle est notre foi ? »

La Foi n’est pas une évidence. Elle peut être empreinte de doutes. Et il nous semble même qu’elle nous conduit à l’obscurité, obscurité pour notre intelligence, obscurité pour nos facultés

Et pourtant, notre acte de foi atteint Dieu, notre Foi touche Dieu.

Évangiles nous donnent de magnifiques exemples de Foi :

Celui de la femme hémorroïsse qui arrive au milieu de la foule, et qui se dit que si elle parvient à seulement effleurer les franges du manteau de Jésus, elle sera sauvée.

Elle y parvient. Jésus sent une force sortir de Lui, parce que cette femme a eu une confiance totale en Lui. Elle a foi en Lui. Et elle est sauvée.

Jésus lui dit : « Ma fille, ta Foi t’a sauvée ». Il ne lui dit pas : « Je te guéris », mais « Ta Foi t’a sauvée ».

Cette femme n’a été guérie de son mal que parce qu’elle a Foi en Jésus. Par sa Foi, elle obtient que la guérison : elle obtient le SALUT.

De même, Jaïre un chef de synagogue dont la fille vient de mourir, et qui insiste, qui doit affronter son entourage qui essaye de le dissuader de déranger le maître -sa fille est morte. Et Jésus lui dit : « Ne crains pas, crois seulement ».

C’est la Foi qui sauve le femme hémorroïsse.

C’est la Foi qui sauve la fille de Jaïre.

C’est la foi qui nous sauve, qui sauve chacun de nous.

Par le baptême, nous avons été « équipés » de la force de la Foi, mais aussi de celle de l’ESPERANCE, et de la charité, de l’AMOUR ;

C’est la Foi qui nous fait découvrir la proximité de Dieu, et c’est l’espérance qui nous fait désirer l’atteindre. Parce que notre espérance, c’est Dieu lui-même.

Et notre Foi va vivifier notre charité, notre amour, notre amour pour Dieu et pour notre prochain.

L’amour que nous essayons de mettre, même imparfaitement, dans nos actes, ne vient pas de nous : nous ne sommes que le canal de l’amour que Dieu diffuse en nous ; nous ne sommes que les témoins de l’amour de Dieu.

Ce qui importe, nous le savons bien, ce n’est pas ce que nous faisons, c’est l’amour que nous y mettons ; aussi bien dans les grandes orientations de notre vie que dans la banalité du quotidien.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait que ramasser une épingle par amour peut convertir une âme.

Alors, n’ayons pas peur de nous tourner vers Jésus pour Lui demander, encore et toujours, la grâce de la Foi, une Foi ardente, vivante.

Osons cette confiance en Jésus en Lui demandant la grâce de nous tourner sans cesse vers Lui.

Le Bienheureux Pierre-Eugène de l’Enfant Jésus, carme qui a vécu au XXe siècle -il est mort en 1967- avait l’habitude de dire : « Ayez Foi en votre Foi ».

Ce qu’il voulait nous faire comprendre au-delà du bon mot, c’est que nous devons prendre conscience que la Foi est une force.

Cette Foi qui est en nous, qui est le travail de l’Esprit Saint en nos cœurs.

Cette Foi qui est une capacité, une audace, une confiance.

Au plus intime de nous-même, la Foi nous est donnée pour

• Que nous osions demander
• Que nous osions parler
• Que nous osions agir
• Que nous osions aimer.

La Foi est un pur don de Dieu. Mais à quoi nous sert-elle, si nous ne la rendons pas vivante ?

C’est pourquoi un acte de volonté de notre part est nécessaire. C’est par la prière, l’écoute de la Parole et les Sacrements, que nous ferons entrer Jésus, Lumière du monde,

• Au cœur de notre âme
• Au cœur de nos vies,
• Nous guider,
• Et nous combler de sa miséricorde.

Qu’est-ce qui est à notre portée dans le quotidien ?

Écoutons ce que nous dit le Pape François sur la Foi, c’est très concret :

• Ta Foi est-elle partagée ?
• Tu veux la fortifier ?
• Cherche le regard de Dieu,
• Laisse-toi pardonner dans la confession,
• Place-toi devant le Crucifié, laisse-toi AIMER par Lui »

Alors oui, osons cette confiance en Jésus, prenons le temps de rendre grâce pour le Don de la Foi qu’Il nous fait, et pour que nous aussi au fond de notre cœur, nous puissions accueillir ces paroles de Jésus :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton Esprit. Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Seigneur Jésus, augmente en nous la Foi. AMEN.

Philippe Vandevoorde, diacre