Homélie du 2 novembre 2023 -Commémoration des défunts

Chers amis,

Dans quelques instants, nous allons prendre le temps de nommer un par un les 62 personnes qui nous ont quittés depuis novembre dernier et dont nous avons célébré les ENCIELLEMENTS ici même à la cathédrale ou à la chapelle Saint Yves.

Personnes âgées décédées au terme d’une belle et longue vie ou d’autres plus jeunes, nous ayant quittés de manière trop subite ou brutale et dont je salue chaleureusement la présence des parents ou des amis. Soyez assurés de notre amitié, de notre soutien et de notre prière. 

Et nous voici ici, ce soir, à la messe ! En chaque eucharistie, l’Eglise prie pour tous les défunts. Au moment de la prière eucharistique, après la consécration, il y a toujours une mention particulière pour nos frères et sœurs défunts.

Où sont-ils ? Que deviennent-ils ? Saint Paul invite au réconfort et nous redit le centre de l’Espérance chrétienne : Christ est Ressuscité. Puisque le Christ est ressuscité, alors, nous aussi, nous ressusciterons comme Lui. C’est là le fondement de notre foi.

Celles et ceux que nous avons connus, aimés et estimés, ne peuvent avoir été absorbés, dissous dans le néant.

Nous croyons et nous espérons qu’ils sont entrés dans la Paix de Dieu. Après peut être un temps nécessaire de purification et de réconciliation et s’adapter ainsi à la lumière du Christ ressuscité.

Nous voulons croire que nos défunts participent désormais à la vie divine, en contemplant la face de Dieu, avec les anges et tous les saints.

Où sont-ils ? Que deviennent-ils ?

Nous avons tendance à penser qu’ils sont « là-haut », alors que nous sommes ici-bas. Mais ce sont des manières imagées de dire les choses, car pour Dieu, il n’y a pas de haut et de bas, il n’y a qu’un seul monde, le monde de Dieu, celui qui est visible et celui qui est invisible.

Si nous croyons qu'il n'y a qu'un seul monde, alors nous devons aussi comprendre que la terre est dans le monde de Dieu, que l'univers est dans le monde de Dieu et que la résurrection, ce n'est pas un « autre » monde.

C’est pourquoi nous pouvons affirmer que nous sommes en lien direct avec ceux que nous avons aimés, par la médiation du Christ qui s’est fait homme, et par son « Pain de vie » toujours offert et qui nous incorpore à Dieu.

Alors, comment vivre une nouvelle communion avec nos défunts ? Pas dans les vestiges du passé, pas dans la nostalgie des jours passés, mais dans la joie de les savoir incorporés à Dieu. Ils sont avec nous pendant que nous célébrons l’Eucharistie. Ils sont avec nous lorsqu’on nous communions au Corps du Christ.

L’Evangile que nous venons d’entendre, en Saint Jean, est un enseignement fondamental pour comprendre à quelle vie nous sommes appelés et comment nous pouvons goûter la communion avec celles et ceux qui sont, près du Christ, dans la joie du Ciel.

« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du Ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » dit Jésus. Dimanche après dimanche, une semence de vie éternelle est déposée en nous par le Corps eucharistique du Christ. La résurrection que nous vivrons un jour est déjà commencée en nous.

En mangeant au même corps, en buvant à la même coupe, la messe nous unit donc à nos proches. Notre célébration réunit ainsi la Terre et le Ciel, fidèle à ce que le mot liturgie signifie : « l’action de tous » !

En communion au même corps, nous faisons corps avec le Christ et nous nous approchons de celles et ceux qui participent, dans la paix, à l’éternelle vie divine ! Pour vivre éternellement, il nous faut apprendre à aimer le Christ et à le laisser grandir et demeurer en nous.

C’est donc en vivant de l’eucharistie que nous nous préparons déjà à vivre dans l’Eternité. L’eucharistie que nous célébrons est déjà l’expression de notre Espérance chrétienne !

Alors, qu’il est bon, frères et sœurs, de prier pour nos défunts en faisant célébrer des messes pour eux.

De rendre grâce pour ceux qui participent déjà pleinement au face à face, et d’intercéder pour ceux qui sont en attente, afin de les aider à accueillir pleinement la miséricorde du Seigneur !

Ce mystère est tellement beau, tellement grand, tellement émouvant pour nous, que, permettez que je vous le dise, je m’étonne que même des chrétiens pratiquants, y compris de notre paroisse, n’offrent même pas à leurs défunts une seule messe au moment du décès de l’un des leurs ! C’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à l’être cher, et nous oublions de le faire ?  

Et je constate que c’est souvent ceux qui sont loin de l’Eglise qui sont les plus enclins à faire le geste d’offrir une messe, parce qu’ils pressentent que le mystère de l’eucharistie est une « passerelle » entre le ciel et la terre. Alors que trop souvent ceux qui sont proches, ne le font pas, pour leur père, leur mère, leur grand-père ou leur grand-mère, comme s’ils avaient inconsciemment banalisé le sens de la messe …

Cela me « tracasse » parfois comme pasteur en « souffrant » de la négligence de paroissiens sur ce thème. Chacun voudra bien s’examiner en conscience.

« Qui mange de ce pain ne mourra jamais ! ». Vivre le mystère de l'Eucharistie, c'est vivre avec Dieu, le mystère de la mort et de la résurrection. Alors restons et demeurons dans l’Espérance ! Un jour, nous reverrons nos chers défunts alors ce sera la joie parfaite ! Il est grand le mystère de la foi ! AMEN.    

P. Patrice Marivin