Homélie du 22 octobre 2023

Pèlerinage pour la Paix en Terre Sainte - nous sommes tous une Terre Sainte

 Chers amis, chers pèlerins,

Quand le mercredi 4 octobre dernier au soir, nous nous sommes quittés à l’issue de notre 5^ème rencontre de préparation au Pèlerinage en Terre Sainte, aucun de nous ne pouvait soupçonner qu’il aurait à vivre « autrement » l’aventure qu’il avait si longuement préparée !

Passer d’un Pèlerinage sur les pas du Christ à un tout autre exercice spirituel : celui de rester ici et de prier pour la Paix, ici et là-bas ! C’est la mission qui nous est demandée en ces circonstances si particulières !

Ecouter la Parole de Dieu et la méditer ! « Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu » entendons nous dans la première lecture ! « Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus-Christ, en présence de Dieu notre Père » glisse Saint Paul aux oreilles des chrétiens de Thessalonique.

Et nous prions pour la paix ! Comme chrétiens, nous savons que cette paix est à la fois un Don de Dieu et le fruit de notre engament !

Trois verbes peuvent nous aider à soutenir notre engagement personnel pour la paix : ACCUEILLIR – ANNONCER – CONSTRUIRE. Déclinons-les !

ACCUEILLIR : Si la paix est un don de Dieu, elle a besoin de cœurs pour être reçus. Or est-il si facile de recevoir cette paix ? Car la paix de Dieu est essentiellement un baume guérisseur, la parole du pardon de nos fautes, de notre péché. Parfois, nous préférons déclarer que nous n’avons pas besoin de pardon ni de paix et nous restons enfermés dans notre tristesse ou notre amertume.

Accueillir la paix de Dieu suppose de reconnaitre que notre vie n’est pas toujours ajustée à cette paix, que nous avons tous besoin d’un don en plus, d’un « par-don » !

Regardons les apôtres au Cénacle : terrorisés par la possible persécution des autorités juives, ils se barricadent. Mais cet enfermement ne fait qu’illustrer leur fermeture intérieure : ils sont repliés dans leur culpabilité. Quand Jésus apparait aux Apôtres, il doit leur dire à deux reprises : « Paix à vous » ! Jésus ne cache pas le mal subi ! Il leur montre ses blessures et leur redit : « Paix à vous ». C’est-à-dire : « n’ayez crainte, vous êtes pardonnés, la Vie a été plus forte et l’Amour a rompu la spirale mortelle de la haine. !

Accueillons ensemble la paix de Dieu, par le don de l’Esprit Saint – N’ayons pas peur de nous-mêmes, des autres, du monde ! Commencer une nouvelle vie, pour soi et pour les autres !

Accueillir la paix conduit ensuite à l’ANNONCER ! Si la paix emplit notre être jusqu’aux dernières fibres et guérit notre intériorité, elle ne doit pas rester confinée en nous. Le Christ nous fait comprendre que si la paix est un don, la paix est en même temps une mission. A la différence de bien des fausses paix que l’on appelle « bien-être », « harmonie de soi avec soi », la paix donnée par l’Esprit Saint fait sortir de soi. Cette paix suscite un dynamisme intérieur qui pousse à prendre la parole. A la Pentecôte, les langues de feu, qui se posent sur les disciples, leur communiquent une ardeur intérieure qui les embrase et les propulse hors du Cénacle pour annoncer le Christ. Prince de la paix !

Annoncer la Paix ! Je vous propose un exercice pratique samedi prochain de 10 h à 12 h. Adoration et mission ! Adoration et parvis de cathédrale ! Pour la paix, en communion avec nos frères et sœurs de Terre Sainte ! Nous en reparlerons en fin de messe !

ANNONCER la paix ne suffit pas, il faut la CONSTRUIRE !

Jean Debruynne, écrivait dans un poème magnifique : « la paix est un travail. C’est une tâche. Il faut faire la paix comme on fait le pain. La paix n’existe pas à l’état sauvage : il n’y a de paix qu’à visage humain. »

Or il n’est pas facile de faire la paix. Nous avons une propension naturelle à nous quereller, dans nos familles, dans nos lieux professionnels, et même dans nos communautés paroissiales et en Eglise !

La paix est un travail, un effort, une conversion qui ne s’acquiert que dans le combat quotidien avec de la patience et de la persévérance. Il s’agit de passer des paroles aux actes, des « vœux pieux » aux initiatives concrètes de paix : tendre la main, dialoguer, refuser d’entrer dans des polémiques haineuses sur les réseaux sociaux.

La paix est un travail sur soi. Nous devons éprouver la vérité des paroles de saint Paul aux chrétiens de Thessalonique !

« Notre annonce de l’Evangile n’est pas simple parole ! ».

Chacun se doit de manifester l’Esprit, le Paraclet, le pacificateur, en vue du bien de tous »

• Que devons-nous manifester en vue du Bien commun ?
• Quelle est notre place dans l’Eglise, Corps du Christ ?

C’est en méditant les Ecritures que Ste Thérèse de l’EJ avait trouvé la réponse : « Dans le cœur de l’Eglise, ma mère, je serai l’Amour. »

Vouloir être, coûte que coûte, une particule d’amour et de paix là où nous sommes.

Si nous n’approfondissons cette volonté en nous, comment pourrons-nous favoriser la concorde, l’union des cœurs dans l’unique Esprit ?

La paix est un travail, un travail sur soi, un travail avec d’autres, pour que l’unité ait le dernier mot. Unité bien comprise comme communion : unité dans la beauté des variétés et des richesses qui ne doivent jamais se heurter, se blesser, mais s’harmoniser ! Chacun doit jouer sa partition dans le grand orchestre humain. Cela suppose bien des répétitions.

ACCUEILLIR – ANNONCER – CONSTRUIRE la paix !

Pour et avec eux nos frères et sœurs de Terre Sainte !

Prenons cet engagement en unissant nos cœurs à la prière de toute l’Eglise pour que la parole échangée continue de faire tomber les murs de séparation et de peur !

AMEN.

P. Patrice Marivin