27è dimanche du temps ordinaire - année A
La vigne : quelle belle image en ce temps de vendange, où l’on récolte avec soin le fruit de la terre et du travail des hommes, pour produire ce vin qui réjouit le cœur de l'homme…. Avec modération, bien sûr… !
Même si notre cœur, aujourd’hui, est attristé par la violence qui se déchaine sur la terre d’Israël où la croix du Christ a été plantée ! Seigneur, prends pitié !
Dans l'Évangile, la vigne est avant tout le symbole du royaume de Dieu.
Comme le royaume de Dieu, elle est d'abord œuvre du Père qui donne vie et qui en prend toujours grand soin : « Que pouvais-je faire de plus pour ma vigne et que je n'ai fait » dit le Seigneur dans la première lecture ?
C'est donc d'abord dans l'action de grâce que nous devons recevoir ce don, comme le rappelle Saint-Paul.
Cette vigne, Dieu seul en est le maître et le propriétaire. Alors que notre tentation, depuis le péché originel jusqu'à notre civilisation technologique, c'est de vouloir mettre la main sur le don de Dieu et de nous l'approprier, en nous prenant pour Dieu lui-même ! Nous sommes les intendants des dons de Dieu et ses serviteurs, mais des serviteurs qu’il appelle « ses amis. »
Dieu nous confie son royaume pour que nous cultivions, avec lui et en lui, des fruits abondants de paix, de justice et d'amour. Mais il ne nous abandonne pas. Il fait confiance, il est patient, il ne se décourage pas, même devant nos échecs et nos erreurs.
Et même face aux menaces de mort, il n’agit pas par vengeance, mais par miséricorde ! Et il envoie Jésus, son propre fils, pour nous sauver du désastre d'une vigne desséchée qui ne porte plus de fruits. Jésus, dans la folie d'amour de Dieu, ira même jusqu'à donner sa vie pour sauver les pêcheurs de leur propre destruction. Mais il le fait par amour, cet amour de Dieu plus fort que le péché des hommes.
Alors, cette belle parabole de la vigne, nous pouvons la recevoir d'abord pour 'Eglise, peuple de Dieu. Quand l’Eglise se laisse conduire par son Seigneur, elle est à l'image de cette belle assemblée de notre paroisse en sortie, dimanche dernier pour la rentrée paroissiale, témoin de la joie et de la fraternité. Mais notre église doit elle-même se convertir sans cesse, quand les abus, les médisances, ou simplement l'indifférence envers les plus fragiles et les exclus la menace.
Nous pouvons aussi recevoir cette parabole pour chacun d’entre nous. La vigne que le Seigneur a planté avec amour et dont il prend aussi un très grand soin, c'est ma propre vie. C’est à vous, à moi, qu'il confie cette petite part du royaume qui est la mienne dans ma famille, dans mon milieu de vie, et pour que je porte du fruit, avec tous les dons qu'il m'a faits.
C'est pour moi que Jésus a donné sa vie, pour que son royaume s'établisse en moi malgré toutes mes fragilités et mes refus.
Et puis enfin nous pouvons aussi recevoir cette parabole pour la Création, pour la Terre même que Dieu nous a confié, notre maison commune.
Cette semaine nous avons justement célébré avec Saint-François d’Assise, la journée mondiale de prière pour la création. Car la terre si belle, si généreuse, que Dieu nous a confiée, devient de plus en plus difficilement habitable, particulièrement
pour les plus pauvres.
Et c'est à l'occasion de cette fête de Saint-François, que le Saint Père le pape François nous a adressé une nouvelle exhortation apostolique intitulée LAUDATE DEUM, dans le prolongement de son encyclique LAUDATO SI, publiée il y a huit ans.
C’est d’abord une prière d'action de grâces qui nous est adressée : LAUDATE DEUM : « Louez Dieu pour toutes ses créatures ». Mais c'est aussi une prière d'exhortation adressée à tous les hommes de bonne volonté parce que, dit le pape, « la situation est en train de devenir encore plus urgente, et que les effets du changement climatique sont supportés par les personnes les plus vulnérables. »
Je ne peux que vous inviter à lire ce texte très profond, essentiel pour notre temps !. Et souligner qu’il ne s’agit pas de la seule initiative du pape François, comme on le laisse parfois entendre.
Le pape Paul VI, en 1971, déclarait déjà que « La civilisation industrielle risque de conduire à une véritable catastrophe écologique, et il y a urgence et nécessité d’un changement presque radical dans le comportement de l’humanité ». En 2001, Saint Jean-Paul II sera le premier pape à appeler les chrétiens à une « conversion écologique globale ».
Notre Evêque lui-même, Mgr CENTENE, a placé le carême 2023, sous le signe d’Yvon NICOLAZIC, le « paysan », dit-il, l’homme de la terre, en nous invitant « Au nom de notre baptême, à accomplir, seuls ou communautairement, des gestes simples pour prendre soin de notre maison commune ».
C’est donc l’Eglise toute entière qui nous invite à marcher ensemble, dans la paix, la confiance et l’action de grâce, pour que la Vigne du Seigneur porte du fruit, un fruit qui puisse nourrir tous les hommes.
Des chrétiens s’étonnent parfois d’entendre parler ici d’Ecologie Intégrale. Dans la maison de Dieu, faut-il parler de la vie quand elle est menacée ? Comme les vignerons, nous aurons des comptes à rendre au Seigneur sur la vie qu’il nous a confié.
Seigneur, ne permets que la peur ou l’indifférence ferment la porte de notre cœur.
Qu’as-tu fait de ma vigne ? dit le Seigneur.
Qu’as-tu fait de ton baptême ? Qu’as-tu fait de ton frère ? Qu’as tu fait de la terre ?
Avec Sainte Thérèse, que nous avons fêté aussi cette semaine, que l’Esprit nous inspire de répondre dans la joie :
- Dans le cœur de l’Eglise, ma mère, je serai l’amour.
- Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même. Amen
Etienne ROGINSKI - Diacre