Homélie du 15 août 2023

Ré-écouter  l'homélie prononcée à la messe solennelle de 11 heures

Texte de l'homélie prononcée aux messes de 9h30 et 19h00

«Marie se leva et se mit en route »

Mes amis,

C’est le début de l’évangile proclamé à l’instant qui a servi de fil conducteur aux récentes Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne présidée par le Pape François et qui a réuni pas moins d’1,5 million de jeunes !

Ces jeunes sont rentrés, certes fatigués, mais tellement heureux d’avoir vécu ensemble un tel rassemblement et ils nous montrent à leur manière le chemin de la vraie joie et de belle espérance guidée par la belle figure de la Vierge Marie !

De quoi disposons-nous pour marcher dans la foi à la suite de Marie ?

D’une Parole et pas de n’importe laquelle : une Parole où Dieu se dit, se révèle...et Marie est la bonne terre qui a accueilli cette Parole et l’a laissée porter fruit dans sa vie (Luc 8, 15).

Marie parle peu. En revanche, elle médite dans son cœur ce qu’elle voit et ce qu’elle entend. La discrétion de Marie est étonnante.

Mais, alors, d’où vient qu’elle soit tant vénérée aujourd’hui, dans l’Eglise et dans le monde ?

Proclamée Mère de Dieu, au Concile d’Ephèse en 43, je crois que Marie est devenue, au fil des siècles, une médiatrice et une avocate. Depuis toujours, les plus humbles chrétiens attendent d’elle : bonté, accueil, accompagnement, miséricorde, intercession. 

Même en son temps, saint Louis lui a demandé le bonheur de la France, tandis que le roi Louis XIII lui a consacré officiellement la France en 1638, instituant alors les processions du 15 août, jour de fête nationale !

Chaque année, le 15 août, plus d’un milliard de chrétiens célèbrent la montée de Marie au ciel. Les grands sanctuaires consacrés à la Vierge Marie mais aussi les petites chapelles de campagne, se remplissent de pèlerins qui ressortent les bannières pour faire procession en son honneur.

Ici à vannes, nous fêtons Marie comme reine de l’Arvor, et nous irons tout à l’heure, vers le Port pour la traditionnelle bénédiction de la mer.

Que signifie donc cette grande fête de l’Assomption pour nous aujourd’hui ?

Assomption vient du latin « assumere » qui veut dire prendre avec soi, prendre sur soi et « élever ». Assumere a donné en français le verbe « assumer ». Parce que Marie a assumé, « pris sur elle », sa vocation de Mère du Sauveur, par un « oui » à Dieu, elle a permis à la parole de Dieu de s’accomplir en elle.

Alors elle est partie en hâte vers le haut pays, à la rencontre d’Élisabeth, pour qu’à son tour Elisabeth fasse circuler une parole de joie : « Heureuse es-tu Marie, tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni ».

A partir de cette rencontre, Marie nous fait entrer dans la vraie joie. « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon sauveur ! ». Ce n’est pas dans une joie éphémère et trompeuse mais dans une joie définitive : « Toutes les générations me diront bienheureuse ». La vraie joie de Marie est de rendre grâce et de le proclamer ! Quelle espérance !

Face aux tristesses, aux aigreurs, aux amertumes qui traversent nos vies, Marie en son Assomption nous plonge dans l’allégresse des saints et des saintes qui acclament l’Agneau vainqueur, la victoire de l’Amour !

Apprenons de la Vierge Marie comment apporter à notre monde le témoignage de la vraie joie. La joie de croire. La joie d’être aimé et d’aimer. Action de grâces répétée et actualisée à chaque messe quand nous célébrons la victoire du Christ sur la mort et le péché.

Ne soyons pas des « rabat-joie » avec nos jeunes qui ont vibré et prié aux JMJ et qui doivent redescendre sur la plaine et retrouver l’ordinaire de leurs vies, l’ordinaire de leurs paroisses.

• Ils ont ressenti la vraie joie, et imaginé leur avenir autrement que comme une course effrénée à l’argent et au pouvoir ; ils veulent maintenant être généreux et vivre de la « sobriété heureuse » tant désirée par le Pape François. Ne détruisons pas leur idéal et ne leur communiquons nos frayeurs et nos rapacités !
• Ils ont ressenti la vraie joie, et pensé à s’engager dans la voie du mariage pour s’aimer toujours et donner la vie à des enfants du bonheur. Ne les dissuadons-pas de croire en l’amour conjugal pour toute la vie : Ne spéculons sur les crises et les risques de l’infidélité !
• Ils ont ressenti la vraie joie, et réfléchi à l’appel du Christ pour devenir prêtres ou consacrés de notre Eglise. Ne les décourageons en ressassant indéfiniment les abus mortifères récemment dévoilés, mais soutenons les dans leur choix de vie pour l’Eglise.
• Ils ont ressenti la vraie joie, et pris l’engagement de s’investir dans la vie de notre société auprès des plus fragiles. Ne les détournons pas de leur projets de vie en leur remâchant nos égoïsmes !
• Ils ont ressenti la vraie joie, et rencontré d’autres jeunes qui vivent dans des pays ô combien plus pauvres que la France ! Des pays où il y a peu de sécurité mais beaucoup de précarité, et d’injustice. Ils ont touché du doigt combien la vie est précieuse et mesuré la chance qu’ils ont de vivre dans un pays qui fait rêver. Ne les ennuyons pas avec nos idéologies sociétales (euthanasie), mais encourageons-les à travailler pour le respect de la dignité de la personne humaine.

Mes amis, vous vivez dans la vraie joie, vous qui faites face, jour après jour, aux contraintes parfois difficiles de votre vie, et qui ne baissez pas les bras !

Regardons ensemble l’étoile ! Invoquons Marie !

Joie – Intercession – Communion ! Marie nous dessine les traits de notre avenir mais aussi et surtout nous montre un chemin d’Espérance. Et dans la tempête, elle est un gage d’Espérance. La main tendue vers nous.

Belle fête de l’Assomption ! Vraie joie de celles et ceux qui savent, que rien, pas même la souffrance et la mort, ne pourront nous séparer de l’Amour qui vient de Dieu.

AMEN.

P. Patrice Marivin