Homélie du 18 juin 2023

11è dimanche du temps ordinaire - Année A

Aujourd'hui encore, frères et sœurs, si nous voulons comprendre en profondeur cet évangile, nous devons nous tourner vers Jésus pour l'écouter et le contempler, car il est La Parole de Dieu, le Verbe de Vie. La clé de l’évangile, c’est toujours Lui.

Le verset qui précède cet évangile indiquait : « Jésus, parcourant toutes les villes et tous les villages proclamait l'Évangile du royaume et guérissait toute maladie et toute infirmité ».Cela signifie que Jésus connaît toutes les souffrances de son peuple et qu’il connaît aujourd’hui les épreuves que chacun de nous peut supporter. Il connaît nos fragilités et nos infirmités, celles qui sont visibles et celle que nous cherchons à dissimuler tant bien que mal aux autres et plus encore à nous-mêmes, dans nos obscurités. Jésus connaît parce qu'il les porte avec nous, sur sa croix

Mais ce qui saisit Jésus de compassion d’avantage encore, c'est que les foules sont sans berger. Et sa compassion, c'est l'autre nom de la miséricorde de Dieu, des entrailles de Dieu qui frémissent devant la misère de son peuple.

Mais le berger, le seul véritable berger du peuple de Dieu, c'est toujours Jésus lui-même. Alors la question essentielle  qui se pose pour les disciples qu'il envoie est celle-ci: Jésus est-il le berger de ta vie de toute ta vie ? C’est une autre façon de poser la question, comme à Pierre:  m’aimes-tu ?

Dimanche dernier, une trentaine d'enfants ont fait leur première communion. Ils ont reçu le corps du Christ, pain de vie éternelle. Mais dans cette communion, ce n'est pas seulement Dieu qui se donne. Il attend en effet  en retour que nous aussi nous nous donnions à Lui. Dans cet admirable échange dont parle Saint-Paul, les offrandes que nous déposons sur l'autel, c'est d'abord nous-mêmes.

Alors la question de l'Évangile de ce jour se pose d’abord à nous-mêmes : Jésus est-il mon berger, mon maître et Seigneur ? Depuis notre baptême, nous avons reçu la vie de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit.  Mais nous étions tout petits, pour la plupart d’entre nous. Avons-nous déjà dit depuis, et redit au Seigneur, en diverses circonstances : je te donne ma vie ? Et pas seulement une heure le dimanche pendant la messe, mais ma vie de chaque instant, la vie de tout mon être, dans tous les domaines de mon existence, y compris et peut-être surtout dans toutes mes infirmités ?

Le mariage, encore une fois est à l’image de cet admirable échange qu'est la communion avec le Christ :  « je te reçois et je me donne à toi » disent les époux. Et pas simplement le jour du mariage, mais chaque jour,  et pour toujours. Avec la principale différence que, dans notre union au Christ, nous ne sommes pas à égalité. Il est notre créateur, et il nous donne sa vie pour nous rendre semblable à lui.

Pour lutter contre le mal sous toutes ses formes, pour témoigner à nos frères du royaume de Dieu qui s'est approché, il faut d'abord que nous l'ayons reconnu et accueilli pour nous-mêmes. Sinon, c'est nous-mêmes que nous annonçons.

Donc, frères et sœurs, en ce jour où Jésus appelle chacun de nous, aujourd'hui même, nous sommes invités, comme les 12 disciples, d'abord à prier et à lui redire : «  Mon seigneur et mon Dieu,  je te rends grâce de m'avoir appelé par mon nom, et de me donner ta vie. Et à mon tour, Seigneur, je te reçois et je te donne ma vie. J'ai confiance en toi ».

Et n’ayons pas de crainte : en accueillant notre vocation, Jésus nous appelle à devenir pleinement nous-mêmes, en étant libres, et à être heureux de ce que nous sommes. Et le Saint Esprit nous guidera si nous le laissons, lui aussi, se saisir de toute notre vie.

« Et maintenant comment cela va-t-il se faire » ? Pour les ministres ordonnés, l’ordination ce dimanche d’un prêtre et de deux diacres permanents, pour notre diocèse, seront l’occasion de le redécouvrir et de rendre grâce à Dieu. Pour les laïcs, le concile Vatican II déclare : « La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelle qu’ils ordonnent selon Dieu. …Ils sont chargés par Dieu de l’apostolat, en vertu du baptême et de la confirmation,… de travailler à ce que le message divin du salut soit connu et reçu par tous les hommes et par toute la terre. »

Et dans la première lecture, Le Seigneur rappelait au peuple d’Israel : « si vous écoutez ma  voix et gardez mon alliance, vous serez pour moi un royaume de prêtres ».  Par notre baptême, chacun de nous reçoit en effet d’être prêtre, prophète et roi. Et être prêtre, pour tous les baptisés signifie, selon le Concile, que : « Dans toutes leurs activités, leur prière, leur vie conjugale et familiale, leur travail, et même leurs détentes d’esprit et de  corps… tout cela devient une offrande spirituelle, agréable à Dieu par Christ.. C’est ainsi que le laïcs consacrent à Dieu le monde  lui-même ».

Et puis, en second lieu : « Les laïcs peuvent aussi être appelés à collaborer avec les pasteurs au service de la communauté ecclésiale… » . Et là aussi la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. « Que celui qui a des oreilles, qu’il entende », comme le dit notre curé.

Que notre prière soit unanime, particulièrement tout à l’heure, pendant la communion, en redisant au Christ qui se fait pain de vie, avec la vierge Marie et tous les saints : « Me voici Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole ». Amen

Etienne ROGINSKI - Diacre