Homélie 7ème dimanche de Pâques (C)
1er juin 2025
En cette fin de semaine du Golfe, nous avons pu admirer de nombreuses embarcations venir participer à ce grand rassemblement. Parmi les nombreux types de bateaux, ce sont bien évidemment les voiliers, ces rois des mers, qui ont fait l’objet de l’admiration des petits et des grands. Naviguer avec un voilier nécessite de connaître les marées, les courants, la profondeur de l’eau mais aussi de savoir prendre le vent. On n’imaginerait pas voir un navigateur s’embarquer sur un voilier sans connaitre les fondamentaux des techniques de navigation.
Et bien il devrait en être de même pour les chrétiens ! Qui serait assez fou pour s’engager dans la vie active sans prendre le temps de connaître les courants qui peuvent l’entraîner, les limites de sa propre personnalité, la destination qu’il s’est fixée ? Et qui peut espérer arriver à bon port sans être attentif au vent qui le pousse ?
Cette « parabole » qui compare notre vie à une navigation peut nous aider à reprendre le bon cap. En effet, une étape indispensable pour chacun d’entre nous, c’est de connaître la mer, autrement dit, d’être conscient des limites de notre être, affronter les épreuves qui peuvent surgir dans notre vie et être conscient qu’avancer demande effort, persévérance et engagement. Mais au milieu de toutes les conditions plus ou moins favorables que les circonstances de la vie peuvent nous imposer, il s’agit d’être attentif au vent. Ce vent, ou plutôt ce souffle, c’est celui de l’Esprit-Saint. Sans lui, nous ne pouvons pas avancer. Mais au fond, connaissons-nous suffisamment cet Esprit-Saint que nous demandons tout spécialement dans ce temps entre l’Ascension et la Pentecôte ?
Qui est donc l’Esprit-Saint ?
L’Esprit-Saint n’est pas une simple force, une sorte d’énergie spirituelle ; c’est bien une personne. Ce qui signifie que nous pouvons avoir une relation avec lui. Effectivement, la relation est plus facile avec Jésus car il a pris notre nature humaine et il a ainsi quelque chose de familier pour nous. Mais notre relation à l’Esprit-Saint est tout aussi fondamentale car c’est lui qui nous met en relation avec le Christ, c’est lui qui permet à la Parole de Jésus d’être véritablement efficace en nous.
L’Esprit-Saint nous est donné au baptême, non pas comme une chose, mais comme une présence. Cette huile du Saint-Chrême dont nous sommes marqués rend visible cette présence de l’Esprit en nous. De même qu’une fois que l’huile est appliquée sur la peau, elle ne peut plus être retirée, une fois que l’Esprit-Saint est donné, il est présent pour l’éternité. Ce sacrement du baptême a des effets jusque dans l’éternité !
C’est véritablement une vie nouvelle qui commence : une vie dans le Christ sous la conduite de l’Esprit-Saint.
Avant de nous guider, l’Esprit-Saint commence par nous guérir. En recevant l’Esprit-Saint, nous retrouvons la ressemblance divine que nous avions perdue par le péché. L’Esprit-Saint nous relève et fait descendre au plus profond de nos cœurs la miséricorde infinie du Père. Grâce à cette tendresse et cette délicatesse absolue pour nous redonner toute notre dignité, nous comprenons comme St Augustin que « Dieu est plus intime que l’intime de nous-même ». L’Esprit nous connait parfaitement avec nos failles, nos blessures et cela ne l’empêche pas de nous appeler en nous disant : « viens ! ».
Viens, le Seigneur t’a choisi tel que tu es pour être son ami.
Viens, le Père a son cœur tout entier tourné vers toi car tu es son enfant bien aimé.
Viens, le Christ te fait confiance et il te confie une mission que toi seul pourra réaliser dans son Église.
Parce que nous sommes réconciliés avec le Père grâce aux mérites du Christ que nous recevons par l’Esprit-Saint, nous pouvons désormais avancer dans notre vie. Pas simplement se laisser balloter par les épreuves qui nous agitent, mais tracer ce chemin sous la conduite de l’Esprit pour arriver jusqu’au ciel.
Alors comment entretenir et développer cette familiarité avec l’Esprit-Saint ?
Tout d’abord dans les sacrements. C’est là que l’Esprit peut agir avec le plus de force en nous. Bien sûr dans les sacrements du Baptême et de la Confirmation. Nous les recevons une fois dans notre vie mais il est bon d’en faire mémoire régulièrement et de renouveler cet engagement intérieur d’être fidèle aux promesses de son baptême et d’être un authentique témoin du Christ.
C’est particulièrement au cours des sacrements de la confession et de la communion que nous invitons l’Esprit à descendre en nous pour nous transformer chaque fois un peu plus profondément. Notre transformation intérieure prend du temps, nous aimerions que ça aille plus vite, mais l’Esprit-Saint n’a pas peur de nos lenteurs.
En ce temps tout particulier de l’attente de la Pentecôte, laissons de nouveau l’Esprit-Saint prendre toute sa place en nous, laissons-le nous réconcilier, nous relever, pour accueillir ce feu de l’amour de Dieu qu’il veut nous communiquer.
Notre monde a tant besoin de témoins enflammés de l’Évangile. Ne pensez pas que c’est réservé aux autres ! L’Esprit nous guérit, l’Esprit nous conduit et l’Esprit nous envoie, pour que nous portions la Bonne Nouvelle au monde entier.
Amen.