« Écoutez-le » - C’est bref, c’est direct, c’est précis. Et c’est Dieu lui-même qui parle !
L’enseignement le plus important du passage d’évangile que nous venons d’entendre est concentré dans cette invitation que la voix même de Dieu nous adresse en parlant de Jésus : « écoutez-le ».
Tout ce que nous avons à faire dans notre vie chrétienne n’est-il pas résumé dans cette invitation ?
Ce n’est pas la première fois que Dieu s’exprime directement de cette façon : on retrouve cette forme d’exhortation dans l’Ancien Testament, notamment dans le livre du Deutéronome : « Shema Israël », « Écoute Israël ».
Et comment ne pas penser également au roi Salomon à qui Dieu s’adresse ainsi : « Demande ce que tu veux que je te donne ».
Et que répond Salomon ? De façon un peu surprenante au premier abord, il dit simplement : « donne-moi un cœur qui écoute ». Et Dieu lui répond qu’il aura ainsi un cœur sage et intelligent.
Et puis, bien sûr, tous les évangiles sont à écouter : le Christ nous y parle en permanence, soit directement, soit en paraboles, et aussi par ses actes.
Son message n’est pas figé, il continue de s’adresser à nous aujourd’hui, pourvu que nous nous mettions à son écoute.
Mais comment écouter Jésus ? Comment l’écouter vraiment ?
Et en quoi cette écoute a de l’importance dans le quotidien de nos vies, comment cette écoute peut changer nos vies, et celle des autres ?
Attardons-nous un instant sur ce que dit Luc au début : « Jésus gravit la montagne pour prier ».
La montagne, dans la Bible, c’est le symbole de la proximité avec Dieu.
Et c’est pendant qu’il priait, nous dit Luc, que l’aspect de son visage devint autre et que son vêtement devint d’une blancheur éclatante.
Il est « transfiguré ».
Par anticipation, il revêt déjà, pour un instant, son corps glorieux, il prend l’aspect du Ressuscité avant de subir le martyr de la croix.
Le pape François dit que c’est « une apparition pascale anticipée ».
Cette Transfiguration intervient après l’annonce de Jésus à ses disciples qu’il devrait beaucoup souffrir, être tué et ressusciter le troisième jour.
Évidemment, cette annonce avait jeté un froid parmi ses disciples, qui attendaient plutôt un chef de guerre, et ne comprenaient ni n’acceptaient cette mort sur la croix.
La Transfiguration intervient pour leur faire comprendre et accepter que le projet d’amour de Dieu passe par le chemin de la croix : cette faveur leur est donnée pour les préparer à la nuit qu’ils devront traverser peu après, à Gethsémani et au Calvaire.
Luc nous précise que cela est arrivé « pendant que Jésus priait ».
Quel enseignement pouvons-nous en tirer pour nous-mêmes ?
Nous aussi, et plus encore dans ce temps de Carême, nous devons monter sur la montagne avec Jésus.
Nous aussi, c’est par la prière que nous pourrons monter sur la montagne, que nous pourrons nous rapprocher de Dieu, et percevoir sa voix.
Écouter, c’est prier.
C’est par la prière silencieuse, la prière quotidienne, en fixant notre regard intérieur sur le Christ, en recherchant ces moments d’intimité personnelle avec lui, que nous vivrons un vrai cœur à cœur avec le Seigneur.
Rien de compliqué, un temps donné, choisi avec fidélité, avec l’humilité de l’enfant qui attend tout de son père, c’est là une grâce pour la vie de notre âme.
C’est comme cela que nous nous laisserons peu à peu envahir par sa lumière, que nous nous laisserons transformer de l’intérieur, et que nous pourrons à notre tour rayonner autour de nous, non pas de notre lumière à nous, mais de sa lumière à lui, le Christ.
Alors, les enfants, vous qui allez être baptisés dans quelques mois, vous qui avez répondu à l’appel du Christ avec tout votre cœur et votre foi, vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Et nul doute que, par la prière, vous aurez le bon instrument pour devenir ses témoins et lui rester fidèles.
Regardons maintenant un instant la réaction de Pierre : il a vu, de façon fugace, le Christ transfiguré.
Il n’a certainement pas tout compris sur le moment, mais il a compris que c’était bon puisqu’il dit : « il est bon que nous soyons ici et qu’il veut dresser trois tentes ».
Et oui, trois tentes parce qu’il y a aussi Moïse et Elie, qui représentent la Loi et les Prophètes, et qui sont là pour en quelque sorte valider ce que Jésus va vivre et montrer qu’il est venu non pas abolir mais accomplir ce qui avait été annoncé au cours de l’Ancien Testament.
Pierre voudrait que cet instant dure, il ne voudrait pas redescendre de la montagne.
Mais, nous dit Benoît XVI, « la prière n’est pas une façon de s’isoler. »
Après être montés sur la montagne, il nous faut savoir en redescendre.
Bien plus, c’est la rencontre avec Dieu sur la montagne, la rencontre avec Dieu dans la prière, qui nous conduit à redescendre, à regagner la vallée, le quotidien de notre vie.
Car c’est là que nous retrouverons tant de nos frères et sœurs souffrants, affligés, fragilisés, et tant d’autres aussi désorientés, aveuglés par la griserie passagère du monde mais en réalité jamais rassasiés.
Oui, ce n’est qu’en écoutant Jésus, le Fils, comme nous le demande le Père, que nous pourrons être remplis d’un élan qui nous rendra capables de porter aux autres la lumière de la vérité, Jésus lui-même. Vérité qui leur donnera la force et le courage d’affronter leur chemin de vie.
Les occasions ne manquent pas, dans nos familles, dans notre entourage, y compris dans Vannes, y compris dans notre paroisse : il nous suffit d’ouvrir nos yeux et notre cœur.
Participer à la Table Saint Pierre tout à l’heure peut être une belle occasion de rencontres et d’ouverture aux autres.
Laissons-nous transformer au plus profond de nous par le Christ.
Laissons-nous éclairer par Lui. Laissons-le nous « transfigurer ».
« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi ; écoutez-le ». - AMEN