Connaissez-vous l’histoire des trois tamis ?
Un jour, quelqu’un vient trouver Socrate (philosophe grec du 5ème siècle avant Jésus-Christ dont Platon sera le disciple) et s’adresse à lui : « Maître, j’ai quelque chose à te dire ».
Immédiatement, Socrate l’interrompt : « Avant de parler, réponds à trois questions :
- Ce que tu as à me dire, est-ce vrai?... Réponse : « On me l’a dit… »
- Ce que tu as à me dire, est-ce bon ?... Réponse : « Non ce serait plutôt mal » …
- Ce que tu as à me dire, est-ce utile» ?... Réponse : « Pas spécialement » !
Alors ne me dis rien, lui dit Socrate.
C’est cela la règle des trois « tamis » ou, si vous préférez des 3 critères du discernement. Vrai, bon, utile.
Voici une deuxième histoire que l’on prête à Philippe Néri, apôtre de la joie ! Il reçoit un jour une dame de la haute société qui s’accuse d’avoir calomnié. Et Philippe Néri lui donne comme pénitence d’aller plumer un poulet dans les rues de la ville… Quelques temps plus tard, cette personne revient vers lui et s’accuse du même péché. Alors, il lui demande d’aller récupérer les plumes jetées la première fois. « Mais c’est impossible », lui dit-elle ! « Et bien vous voyez, les rumeurs, quand on les a lancées, c’est irrécupérable » … Il est des petites leçons qu’on n’oublie pas !
Ces deux histoires nous rapprochent tout à fait de l’enseignement que Jésus nous donne ce matin dans trois petites paraboles : Un aveugle qui guide un autre aveugle, un bien-voyant qui perçoit mal, et un arbre qui donne du bon ou du mauvais fruit.
Ces trois paraboles traitent du rapport que nous avons les uns avec les autres, et qui s’achèvent par ces mots du Christ : « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ».
Notre manière de parler, révèle toujours ce que nous avons dans le cœur. Commérages inutiles voire mesquins semés à tous les vents …. Ou … propos bienveillants, utiles et vrais, jugements hâtifs et inexacts ...
Dans toutes nos relations sociales nous avons tous des combats à mener pour éclaircir notre regard, ou sortir de la fausse perception que nous avons les uns des autres. Et, nous avons tous à nous laisser aimer, corriger et former par notre Seigneur Jésus-Christ !
Comment expliquer ce mécanisme qui nous pousse trop souvent, vous et moi, à être aveugles sur nous-mêmes et à grossir outrancièrement les défauts des autres ? Une hypothèse… la dualité :
- Dualité entre ce que l’on pense et ce que l’on fait ?
- Dualité entre ce que l’on croit être et ce que l’on est.
- Dualité entre ce que sont les autres pour nous, et notre estime personnelle.
De là naissent toutes les faussetés d’un cœur mal ajusté et d’un regard biaisé. Nous nous comportons comme Caïn et Abel, nous pensons que le « préféré » c’est l’autre ; que l’autre nous fait donc de l’ombre, et donc qu’il faut l’évincer… Quitte à le discréditer publiquement…
Question… Quel remède pouvons-nous opposer à cette terrible maladie qui, depuis les origines du monde, habite le cœur de l’homme et détricote si bien la vie sociale ?
Un seul remède : l’amour. « Aimez-vous comme je vous ai aimés. » (Jn 13,35).
C’est seulement l’amour que nous recevons de Dieu que nous pouvons donner aux autres. Et c’est cet unique amour reçu et donné qui guérit efficacement toutes nos maladies relationnelles : jalousie, rivalité, haine, méchanceté, égoïsme.
Si notre cœur est rempli d’aigreurs, il déborde d’aigreur, mais s’il est rempli d’amour fraternel, il déborde d’amour fraternel.
On ne voit bien qu’avec un cœur qui déborde d’empathie, d’amour fraternel et de bonté.
Nous avons commencé par Socrate. Vrai, bon et utile et nous terminons notre réflexion avec ces mots de Jésus : « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon. »
Comment faire pour que notre cœur devienne bon ? Au seuil du Carême, lisez le très bon livre du Père Jacques Philippe « La liberté intérieure » !
« Seigneur, donne-nous de cultiver notre jardin intérieur, seul moyen de porter un bon fruit qui fera grandir entre nous la fraternité et la charité » AMEN.
Votre curé