Homélie Baptême du Seigneur (C)
Chers frères et sœurs, c’est une grande grâce de fêter aujourd’hui le Baptême du Seigneur. C’est une grâce parce que nous venons de célébrer l’entrée en catéchuménat de 9 jeunes de Saint François-Xavier qui seront baptisés au cours de cette année. C’est aussi une grâce pour chacun d’entre nous car c’est l’occasion de réactualiser notre propre baptême.
C’est par le baptême que nous sommes lavés du péché originel et que nous devenons enfant de Dieu. D’ailleurs, cela ne vous étonne-t-il pas que Jésus ait voulu se faire baptiser ? En effet, lui qui est sans péché, a-t-il besoin d’être lavé par le baptême ? Lui qui est Dieu, a-t-il besoin de recevoir l’Esprit-Saint ?
Bien évidemment, Jésus n’avait pas besoin d’être baptisé et s’il a choisi de le faire, ce n’est pas pour faire comme tout le monde. Si Jésus accepte de vivre le baptême, c’est pour lui donner un sens radicalement nouveau.
Du temps de Jean le Baptiste, le baptême est un rite de conversion. C’est une aide pour prendre conscience de ce qui est mauvais en nous pour en être purifié. D’ailleurs le fait de se plonger dans l’eau n’est pas un symbole positif à cette époque. L’eau symbolise la mort : souvenez-vous des eaux du déluge ou encore des armées de pharaon englouties dans les eaux de la Mer Rouge.
Mais lorsque Jésus est plongé dans les eaux du Jourdain, le ciel s’ouvre. C’est un symbole très fort pour tous ceux qui l’entourent car les juifs avaient pour habitude d’appeler le ciel : les eaux d’en haut. En étant plongé dans les « eaux d’en bas », le Christ nous ouvre les « eaux d’en haut », c’est-à-dire la vie éternelle !
Voilà ce que vient transformer Jésus par son baptême. Il vient donner un sens radicalement nouveau à ce rite qui n’est plus simplement un désir de conversion mais c’est le sacrement qui nous ouvre le ciel. En étant plongés dans la mort avec le Christ, nous accédons avec lui à la vie éternelle.
Vous comprenez que le baptême est très certainement l’événement le plus important que l’on peut vivre sur terre. Passer de créature de Dieu à enfant de Dieu et devenir héritier de la vie éternelle. Entendre cette phrase qui s’adresse à chacun d’entre nous : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Pour comprendre la manière dont nous vivons depuis le jour de notre baptême je voudrais prendre l’image de la greffe. Lorsqu’on fait une greffe, on choisit un porte-greffe solide, résistant aux maladies, vigoureux. Sur ce porte-greffe on va insérer un greffon qui va recevoir de lui l’énergie nécessaire pour grandir et porter du fruit. Le porte-greffe c’est le Christ, sur lequel nous sommes greffés par notre baptême. Il s’agit de recevoir de lui notre vie.
Mais attention, lors d’une greffe, il ne faut surtout pas que la partie greffée se retrouve en contact avec la terre, sinon elle va refaire ses propres racines sans passer par le vigoureux porte-greffe. Pour nous il en est de même. Si nous n’y prenons pas garde, nous pouvons accumuler des tas de choses superflues dans notre vie (des choses matérielles, mais aussi des habitudes qui nous détournent de Dieu, trop de temps passé pour des choses futiles) qui recouvrent le Christ et nous coupent de sa vie divine.
Célébrer le baptême du Seigneur est pour nous, l’occasion de nous demander comment nous avons entretenu la greffe de notre vie. N’y a-t-il pas des choses ou des habitudes dont je doive me débarrasser pour redonner de l’espace à Jésus dans ma vie ? Redécouvrir que le baptême n’est pas un certificat mais c’est un lien vivant avec Dieu dont il faut prendre soin.
Souvenons-nous aussi que c’est ce lien vivant du baptême qui fait notre unité. Ce qui constitue notre communauté ce n’est pas le lieu où l’on se rassemble, ce n’est pas les prêtres qui nous accompagnent, ce n’est pas les affinités que nous pouvons avoir. Ce qui constitue notre communauté c’est le Christ, sur lequel nous sommes tous greffés. Ce temps paroissial « hors les murs » nous permet de remettre en lumière ce fondement de toute communauté chrétienne.
Alors soyons heureux aujourd’hui de renouveler notre baptême, avec les baptisés de l’année 2024. Cultivons cette joie de nous retrouver chaque dimanche pour célébrer et proclamer ensemble cette foi qui manifeste notre unité. Joie de nous rassembler pour entendre cette parole de la part du Seigneur : « tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Amen.
Père Thibault