Pour ce dernier dimanche de l’année, l’Église nous donne de célébrer la fête de la Sainte Famille. Quelques jours après Noël où nos crèches ont accueilli l’enfant Jésus, on aime s’attarder à contempler cette Sainte Famille. Ici, à la cathédrale, des centaines de personnes passent chaque jour pour observer plus ou moins rapidement cette étonnante famille logée sous une simple maison de bois.
Que viennent-ils chercher en s’approchant de la crèche ? Un peu de folklore traditionnel, comme on regarde les illuminations du centre-ville, ou bien quelque chose de plus profond, de plus existentiel ?
Si vous regardez toutes les intentions de prières qui sont déposées au pied de la crèche, vous comprenez alors que pour beaucoup, cette crèche représente bien plus que du folklore. Ces santons représentent bien plus que des statues de cire. C’est une ouverture vers quelque chose qui les dépasse, qui nous dépasse. Cette simplicité de la Sainte Famille attire ; elle est accessible à tous.
Il ne faut pas oublier que si Dieu s’est fait homme, c’est pour se rendre accessible à tous. Dans la vie terrestre de Jésus, il y a beaucoup d’ordinaire. 30 ans d’une vie cachée, d’une vie ordinaire où il a pris le temps de grandir et d’apprendre. Aujourd’hui, nous avons entendu l’un des seuls épisodes de cette vie cachée, lorsque Jésus a 12 ans.
Nous assistons donc à un évènement de l’adolescence de Jésus. Et Jésus a beau être Dieu, comme tout bon adolescent, il met à l’épreuve ses parents : « le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. » Il n’a pas commis de péché mais ses parents auraient certainement préféré qu’il les prévienne. Mais Jésus va plus loin lorsqu’il répond à ses parents (qui doivent être un peu énervés de l’avoir cherché) : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Scène classique d’un adolescent qui commence à gagner en autonomie, face à ses parents. Vous remarquerez en passant que Marie et Joseph ne tombent pas dans le piège d’être piqués au vif dans leur orgueil de parents. Ils savent que Jésus dit vrai même s’ils ne comprennent pas encore la portée de ses paroles.
Alors est-ce que cet épisode est une simple provocation de Jésus vis-à-vis de ses parents ? Et bien non, bien des années plus tard, Jésus va recommencer à secouer sa famille lorsqu’on va lui dire : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler ». Et Jésus répondra : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » Ces paroles de Jésus peuvent paraitre déplacées vis-à-vis de ses proches et pourtant elles nous aident à comprendre aujourd’hui ce qu’est une sainte famille.
La Sainte Famille n’est pas la famille parfaite au sens du monde. Ce n’est pas la famille qui crée un beau nid douillet pour son enfant, la famille qui ne manque de rien et où tout est tourné vers le bien-être de chacun. La famille qui prévoit en cas de coup dur, … Ce n’est pas ça qui fait la sainteté de la famille de Jésus.
La Sainte Famille est sainte car elle est entièrement pénétrée du mystère pascal. C’est Dieu qui nous rend saint à travers l’accomplissement du mystère pascal en nous. Et le mystère pascal c’est de laisser mourir l’homme ancien pour que l’Esprit-Saint nous fasse Fils de Dieu. Le mystère pascal c’est de passer par la Croix pour arriver à la Résurrection.
Qui ne porte pas de croix dans sa famille ? Qui ne souffre pas d’une épreuve ou d’une situation douloureuse au sein de sa famille ? C’est souvent les croix les plus douloureuses, celles que l’on ne sait plus comment porter. C’est là que la Sainte Famille est un modèle et un appui. Elle a porté ses croix, ses épreuves, ses peurs, ses doutes et elle y a trouvé Dieu.
La Sainte Famille n’a pas eu une vie toute rose, alors même que le Verbe de Dieu était en son sein. Mais cette Sainte Famille nous enseigne que si nous nous mettons en quête de Dieu, si nous partons à sa recherche, alors il se laissera trouver. Jésus nous accompagne dans nos épreuves familiales et nous invite à retrouver notre vocation : « dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. »
Demandons-Lui cette grâce de répondre un oui toujours plus grand à notre vocation d’enfant de Dieu. Si nous sommes ses enfants bien-aimés, alors nous pouvons nous décharger sur lui de tous nos soucis. Il connaît les croix de nos vies et il veut les transformer en matin de résurrection.
À l’école de la Sainte Famille, ne recherchons pas avant tout le bien-être et la facilité dans nos familles mais mettons au centre de nos relations la recherche de Dieu et de de sa volonté. Amen.
Père Thibault de Bruyn