Homélie 3ème Avent C - Gaudete
Cathédrale de Vannes
Dimanche dernier, nos regards étaient tournés vers Paris : la cathédrale retrouvait sa splendeur, telle que personne ne l’avait jamais connue auparavant !
Être éblouis de la beauté des pierres retrouvées, certes ! Mais il nous faut surtout nous laisser éclairer par la Lumière de Celui qui est, qui était et qui vient !
A l’heure où nous célébrons notre Eucharistie, le Pape François est en Corse, à Ajaccio ! Il vient rejoindre et écouter. Il vient conforter et raviver l’Espérance de ceux, qui, à leur manière, favorisent la piété populaire des populations un peu en marge, à la périphérie des villes …
Rappelez-vous Marseille l’an passé, le pape François, lors des Rencontres méditerranéennes, mettait en avant les « naufragés de la vie » en souhaitant que nos regards sur eux soient remplis de proximité, de compassion et de tendresse.
La piété populaire, quelle est-elle au juste ? Il me semble qu’on peut dire qu’elle est très proche de la « foi du charbonnier » et que Jésus en a fait l’éloge en disant « Je te rends grâce Père d’avoir caché tes mystères aux sages et aux savants et de les avoir révélés aux tout-petits ». Aux tout-petits de son temps, comme aux tout-petits de notre monde aujourd’hui…. Ce sont ceux qui n’ont pas fait de hautes études, mais qui savent par intuition profonde et aimante que Dieu est leur unique secours et que la Vierge Marie est leur Madone chérie. Ne jugeons pas sur les apparences ces « petits » qui croient en Dieu de tout leur cœur, sans se poser de questions théologiques.
La piété populaire est très visible ici en notre cathédrale ! Combien passent ici, et passeront après les travaux, en 2027, pour déposer leur vie, allumer une veilleuse, se recueillir, prier. Ils ne viennent pas forcément à la messe chaque dimanche, mais ils espèrent et ils croient.
« Que devons-nous faire ? » demandent les auditeurs de Jean-Baptiste dans l’Évangile !
Jean-Baptiste avec son franc-parler leur répond : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort et contentez-vous de votre solde, c’est-à-dire ne volez pas … »
Nous sommes encore aujourd’hui au cœur de ce message d’Évangile, avec les mêmes problèmes, les mêmes interrogations, les mêmes incertitudes que celles des auditeurs de Jean-Baptiste.
Autour de nous il y a toujours de la violence, de l’injustice et de la cupidité…. Alors que devons-nous faire ? La foi chrétienne ne nous invite pas à fuir, mais à garder les pieds dans le présent. La liturgie ne cesse de le rappeler : Jésus n’est pas perdu dans le passé du souvenir. Il est l’homme nouveau, celui qui nous devance.
En ces temps de mutation profonde, il y a trois sortes de gens. Ceux qui ne s’en rendent pas compte et continuent de vivre comme à la « belle époque ». Ceux qui sont conscients des séismes en cours et qui paniquent. C’est le pessimisme ambiant, voire l’angoisse. Et ceux, enfin, qui, sans être aveugles, gardent l’Espérance. La crise, qui impose des changements qu’il aurait fallu effectuer plus tôt, est pour eux l’occasion d’une renaissance. Telle est l’attitude chrétienne : voir en toutes circonstances, même les plus douloureuses, un lieu de résurrection.
Et si c’était cela la vraie joie ! Celle du Christ ! Une joie qui n’a rien de superficiel ou d’artificiel ; une joie profondément ancrée en nous, qui a pour compagne une paix intérieure.
La joie chrétienne est de l’ordre du tressaillement intérieur, disait le pape François l’an passé dans son homélie (Pape François Marseille 23 sept. 2023) et il poursuivait par ces mots :
« Tressaillir c’est être « touché à l’intérieur », avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur. C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille et qui se blinde dans l’indifférence. »
Frères et sœurs, que notre joie soit un tressaillement intérieur en ce dimanche Gaudete. Car le Seigneur fait pour nous des merveilles jour après jour :
- Joie d’être aimé de Dieu : Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m'assois, quand je me lève » Ps 138.
- Joie, même si au cœur des épreuves, on continue de vivre dans la confiance : « Les ténèbres m'écrasent, mais la nuit devient lumière autour de moi. » Ps 138
- Joie, d’être plongé dans l’amour du Christ, pour être une sentinelle de lumière et de bonté pour les autres.
- Joie du pardon reçu et donné à ceux qui font du mal et joie de prier pour eux pour qu’ils trouvent à leur tour la force de pardonner.
- Joie, d’être une voix qui crie dans les déserts du XXIe siècle pour annoncer Celui qui vient encore et toujours.
- Joie d’oser croire que l’action de l’Esprit, dans les cœurs, même si elle est bien cachée, est effective et forte.
- Joie de croire que, là où il nous est demandé d’agir, Dieu est déjà à l’œuvre.
AMEN ! Maranatha, Viens Seigneur Jésus !