Homélie 27ème dimanche du Temps Ordinaire (B)
« Accueillir le royaume de Dieu à la manière d’un enfant ». C’est l’invitation que nous lance Jésus à la fin de la page d’Évangile que nous venons d’entendre. Cette invitation raisonne d’une manière particulière dans notre actualité paroissiale car c’est ce dimanche que vont s’engager nos servants d’autel et nos servantes d’assemblée. Plus de 50 jeunes de notre paroisse vont s’engager pour démarrer ou continuer leur service du Christ dans la liturgie. Chacun d’entre eux s’engage personnellement pour se mettre au service de notre Seigneur dans la liturgie.
Chers jeunes, vous nous aider à comprendre aujourd’hui en quoi consiste « accueillir le royaume de Dieu à la manière d’un enfant ». Si on lit un peu trop vite l’Évangile, on peut conclure que Jésus nous invite à être des gamins, c’est-à-dire, à nous laisser guider par nos désirs et nos envies du moment sans réfléchir aux conséquences. Ce n’est pas du tout ce que vous nous montrez ce matin. Vous nous montrez que, bien qu’étant des enfants, plus ou moins grands, vous êtes capables de vous engager d’une manière réfléchie et avec constance dans un service qui vous demande de la rigueur, du sérieux, de l’écoute pour les plus grands qui encadrent. En un mot, ce service vous demande de vous donner. Vous le savez, vous en avez conscience et vous choisissez de vous engager.
C’est cette capacité à se donner que Jésus met en avant. L’enfant, il sait bien qu’il a encore des tas de choses à apprendre, il sait bien qu’il ne maitrise pas encore tous les aspects de son service et pourtant ça ne le freine pas dans son engagement.
Frères et sœurs, j’ai l’impression qu’aujourd’hui nous quittons le stade de l’enfance, pas pour devenir adulte mais pour devenir des gamins. Nous nous laissons si souvent diriger par nos sentiments d’un instant, par notre ressenti vis-à-vis de telle personne ou de telle situation. Nous nous retrouvons esclaves de nos désirs et nous sommes paralysé dès qu’il s’agit de s’engager.
L’engagement c’est la preuve de la vitalité de notre foi : « montre-moi ta foi qui n’agit pas ».
Sommes-nous convaincus de ce que disait St François d’Assise, que nous fêtions vendredi, que :
« c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
C’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’engageant qu’on trouve sa joie. Jésus nous parle aujourd’hui du modèle de tous les engagements, de cet engagement qui engage pour toute une vie : il nous parle du mariage. « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. »
Dieu nous fait cet immense cadeau de pouvoir nous donner librement et par amour, comme lui-même se donne pour nous. Chaque fois que nous nous donnons, nous devenons un peu plus semblables à Dieu et chaque fois que nous refusons de nous donner, notre cœur se durcit.
Chers servantes et servants, chaque fois que vous servez avec le désir de vous donner, vous ressemblez un peu plus à Jésus. Lorsque je vous ai rencontré hier, je vous ai demandé quelle était votre mission la plus importante lorsque vous servez à la messe. Vous m’avez donné plusieurs réponses : aider les paroissiens à prier, aider le prêtre à prier, rendre plus belle la célébration, etc. Toutes ces raisons sont valables. Mais je vous ai dit que votre plus belle et votre plus noble mission c’est de servir le Christ directement. Lorsque vous servez l’assemblée, vous ne servez pas les paroissiens, mais vous servez bien le Christ qui est présent dans l’assemblée (là où 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux). Lorsque vous servez à l’autel, vous ne servez pas le prêtre mais vous servez le Christ dont l’autel manifeste qu’il est la pierre sur laquelle nous devons tous nous appuyer. Si vous comprenez qu’en servant tant à l’autel que dans l’assemblée, vous êtes au contact direct du Christ, alors vous trouverez une joie de plus en plus grande à venir chaque dimanche rencontrer ce Jésus qui deviendra votre plus proche ami.
Jésus n’a pas honte de nous appeler ses frères. Il ne rougit pas de nous rencontrer dans la simplicité du service. Alors pour vous, frère et sœurs, qui avez peut-être passé l’âge d’être servants d’autel ou servante d’assemblée, dans quelle service allez-vous vous engager pour avoir cette proximité avec Jésus ? Pour pouvoir le côtoyer dans le concret de l’engagement et pas simplement dans l’intention de la foi. Quel exemple d’engagement de votre part allez-vous donner à ces jeunes ? Êtes-vous prêts, vous aussi, à vous engager concrètement au service de vos frères, de votre communauté, pour devenir de plus en plus semblable au Christ ?
Le Seigneur n’appelle pas ceux qui sont capables mais il rend capable ceux qu’il appelle. Demandons la simplicité et la confiance d’un enfant pour nous engager sans crainte. Laissons enfin derrière nous ce gamin qui se laisse guider pas ces caprices personnels. Soyons des enfants de Dieu, heureux de répondre aux divers appels qu’il nous lance car « c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie ». Amen.
Père Thibault de Bruyn