Homélie 24ème dimanche du Temps Ordinaire (B)
Nous nous retrouvons ce dimanche à un point crucial de l’Évangile. C’est la première fois que Jésus va demander à ses apôtres : « Pour vous, qui suis-je ? ». Jusqu’à maintenant, Jésus a réalisé de grands signes devant ses apôtres : il a guéri des infirmes, il a délivré des possédés, il a multiplié les pains pour nourrir les foules, il s’est approché des pêcheurs pour les pardonner. Mais il n’a pas encore révélé qui il était ni l’étendue de sa mission. C’est aujourd’hui qu’il va le faire et la manière avec laquelle Jésus nous révèle qui il est, peut nous questionner sur notre manière d’accueillir sa Parole aujourd’hui.
Tout d’abord Jésus aborde ses disciples « chemin faisant », comme si de rien n’était. Jésus ne prépare pas une mise en scène extraordinaire pour révéler qu’il est le Christ, mais il pose la question à ses apôtres au détour d’un chemin, comme on pourrait le faire avec ses amis. Cette attitude de Jésus nous enseigne la qualité fondamentale du chrétien : la vigilance. Veiller ; cette invitation retentit à chaque page de l’Évangile parce que nous ne savons pas quand est-ce que Dieu veut nous rencontrer. Dieu est présent dans le doux murmure d’une brise légère, Dieu se révèle au détour d’un chemin, dans une rencontre imprévue, parfois même au cœur d’une épreuve. La délicatesse dont Dieu fait preuve à notre égard nous oblige à être vigilant. Jésus se cache dans les petites choses, il va jusqu’à se cacher dans le mystère de l’eucharistie. Mais pour celui qui veille, chaque jour est l’occasion de multiples rencontres avec Dieu qui sont autant de balises jusqu’à la rencontre ultime avec lui au soir de notre vie. Pourtant Dieu reste discret, d’ailleurs Jésus demande à Pierre de ne pas ébruiter le fait qu’il soit le Messie.
C’est le deuxième aspect qui peut nous questionner. Pourquoi Jésus tient tant à rester discret ? Est-ce qu’il veut cacher sa divinité aux yeux des hommes ? Non, car sinon pourquoi se serait-il fait l’un de nous par l’Incarnation ? Jésus ne veut pas simplement se faire connaître, ce n’est pas un influenceur qui a besoin de grandir en popularité pour exister. Jésus veut qu’on le reconnaisse par ses actes et ensuite il va nous éclairer par sa Parole. Jésus est très concret, ce n’est pas un idéologue, il n’a pas un programme qui cherche à séduire mais il dit ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit. Son programme est tellement peu séduisant que Pierre lui-même n’est pas d’accord. Ce qui lui vaudra le célèbre parole de Jésus : vade retro Satana, passe derrière moi, Satan !
Attention, la réaction de Pierre part d’une bonne intention ; il ne peut pas accepter que Dieu s’abaisse jusqu’à mourir pour nous. C’est pourtant là que Jésus va enfin révéler que son amour pour chacun d’entre nous ne connaît aucune limite, pas même la mort. Un amour infini dans une discrétion absolue pour préserver notre liberté ; voilà la signature de Dieu.
Nous devons donc apprendre à reconnaître l’action de Dieu dans nos vies. Pour cela, prendre le temps de la relecture pour discerner l’œuvre de Dieu en nous.
Il me semble que cette ligne de conduite donnée par Jésus doit nous éclairer dans notre manière d’annoncer l’Évangile. Annoncer l’Évangile ce n’est pas d’abord prononcer un discours mais c’est d’abord poser des actes : « c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi » nous a dit Saint Jacques. C’est par les œuvres que nous posons que nous pouvons être des témoins crédibles du Christ.
C’est la troisième question (et dernière pour aujourd’hui !) que nous pose ces textes : Aujourd’hui dans ma vie, quelles sont les œuvres qui témoignent du Christ ? Comment, à travers ma manière de me comporter dans mon travail, à travers les choix qui orientent ma vie, les autres sont amenés à reconnaître le Christ ? Quel acte suis-je invité à poser en ce début d’année scolaire pour être un témoin crédible du Christ.
Jésus nous demande de sortir de nos bonnes intentions pour passer à l’action. « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte ». Nous allons entrer bientôt dans l’année jubilaire des apparitions de Sainte Anne qui aura pour thème : Jésus modèle de charité. Ce modèle de charité, nous le trouvons particulièrement dans les œuvres de miséricorde. Nous aurons l’occasion de les détailler au cours de cette année mais vous pouvez déjà vous les remettre en mémoire, c’est une bonne boussole pour voir si notre foi n’est pas morte…ou presque !
Souvenons-nous que le Seigneur vient à notre rencontre dans notre quotidien, de manière discrète et qu’il nous invite à veiller pour le reconnaître. Et n’ayons pas peur d’être des témoins authentiques du Christ en étant sûr que notre plus grand témoignage : c’est celui de notre vie. Amen.
Père Thibault de Bruyn