«Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».
Nous voici au quasi seuil d’une nouvelle rentrée ! Avec son lot de prévus et d’imprévus, de ce que nous attendons ou espérons !
Question ce matin : voulons-nous consentir à ce que Jésus nous surprenne ? Nous convertisse. Nous entraîne, en cette rentrée, au-delà de ce que nous savons de lui.
Notre situation prolonge celle évoquée dans la première lecture où Josué avait placé les Hébreux : qui voulons-nous servir ? De quel Dieu reconnaissons-nous devoir la vie ? Du Dieu que nous nous donnons à nous-mêmes, où du Père qui a envoyé son Fils dans le monde pour que notre vie ne soit plus à nous-mêmes mais à lui qui est mort et ressuscité pour nous ?
En cette rentrée, nous avons tous besoin de maisons, de nourriture, de travail, de sécurité, d’affections, d’amitiés mais nous avons tout autant besoin peut-être encore de ce que nous ne pouvons pas nous donner à nous-mêmes mais seulement recevoir d’en haut : la charité de Dieu, la capacité de Dieu de se donner pour que nous ayons la vie, qu’il nous dévoile en Jésus.
Elles sont rudes les paroles de Jésus parce que nous ne pouvons combiner les deux mouvements : nous reconnaître vivants à partir de ce que nous faisons, construisons, produisons ou nous reconnaitre vivants à partir de ce que nous recevons sans pouvoir nous le procurer nous-mêmes.
Dans toute existence, vient un moment où il faut choisir.
Eclairons-cela de l’Evangile !
Jésus n’est pas surpris que beaucoup l’abandonnent. Il en a l’habitude.
A chaque fois qu’il est question de miracles ou de prodiges, la foule accourt et le couvre de louange et de sollicitations.
A chaque fois, qu’il énonce les conditions requises pour faire la volonté du Père, les rangs sont clairsemés.
Les gens font le tri entre le Jésus populaire et le Jésus dont les paroles seraient «dures à entendre ».
Les gens se taillent un Jésus à leur mesure.
Même Pierre s’écrie : « «A qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ! », alors que dans la cour du grand prêtre il avait nié connaitre Jésus de Nazareth.
Aujourd’hui, rien, peut-être n’a changé.
Chacun y va de sa religion calibrée à ce qui lui semble supportable. Notre foi est légère :Sincèrement, aurions-nous pris la «tangente » comme tant d’auditeurs de Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui ?
Vous le savez, notre société est marquée par un subjectivisme sidérant. On essaie et l’on adopte si on est séduit. On lâche sans vergogne dès la première surprise ou déception.
Alors, voulons-nous consentir à ce que Jésus nous surprenne et nous convertisse ?
Dirons-nous : «Cette parole est rude… Fuyons » ou «Seigneur, Tu as les paroles de la vie éternelle » ?
La foi n’est pas une option dont on se désencombre si elle devient gênante.
La foi est une relation avec Jésus. La foi est un être avec le Christ. La foi est la recherche d’une cohérence entre le dire et le faire. Entre l’intérieur du cœur et sa traduction en témoignage.
Nous viendrait-il seulement à l’idée de quitter notre meilleur ami ?
On ne quitte pas un ami nommé Jésus. Bernanos disait un jour : «le diable, c’est l’ami qui ne reste pas jusqu’au bout ».
Notre tentation est bien là ! Ne pas être du Christ… Jusqu’au bout ! La foi ne peut décevoir celui qui se laisse choisir par le Christ. Ici, elle ne relève plus de notre propre capacité. Elle devient l’accueil humble et confiance de la grâce.
Suivre le Christ n’’est aucunement avoir réponse à tout. Mais être aimé de quelqu’un de manière unique. De Quelqu’un qui honore toute question humaine ;
La rentrée approche ! Dilatons nos cœurs à la mesure du Christ. Quittons un christianisme de convenance. Prenons la suite de Jésus. Ne testons pas la religion comme dans un supermarché. Soyons du Christ. Ses Paroles sont esprit et vie. Nourrissons nous du Pain Vivant.
Terminons par une belle parole de Saint John Henry Newman : «Seigneur, en Te demandant la ferveur, je te demande Toi-même. Je ne te demande rien d’autre que Toi, ô Mon Dieu qui T’es donné entièrement pour nous. Entre dans mon cœur. Toi seul peux remplir le cœur de l’homme comme Tu as promis de le faire. Entre en moi pour que je sois semblable à toi. » AMEN.
.Père Patrice MARIVIN