Homélie du 26 mars 2023

Sainte Anne d'Auray - pélérinage paroissial - messe de 15 heures

Mes amis,

Quelle joie de célébrer ensemble cet après-midi l’eucharistie dans cette basilique de Sainte Anne d’Auray. Depuis ce matin, nous nous sommes mis en marche, nous avons conversé et prié, nous avons découvert ou redécouvert la grâce et la beauté de ce beau sanctuaire de notre diocèse !

Honorer ici Sainte Anne, la mère de Marie, la grand-mère de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est nous souvenir que Dieu s’est fait homme. Il a pris chair de notre chair dans une famille humaine. Il s’est inscrit dans une histoire, une généalogie. Il épousé nos joies et nos peines, il a voulu assumer notre faiblesse, notre fragilité, notre vulnérabilité, au cœur d’une humanité, qui trop souvent, se croie forte, sûre d’elle-même, de sa science, de ses techniques, de ses progrès.

En célébrant, à travers notre présence, ici à Sainte Anne, le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu, c’est une tout autre perspective qui nous est offerte. L’humanité ne construit pas son salut, elle le reçoit. Elle le reçoit comme un don qu’il lui faut apprendre à accueillir dans la foi, l’humilité et l’action de grâces.

Souvenez-vous !

• Il y a quinze jours, nous étions invités à contempler le dialogue de Jésus avec la femme de Samarie dans lequel Jésus se révélait comme la source d’eau vive.
• La semaine dernière, nous entendions le dialogue de Jésus et de l’aveugle-né. Jésus se manifestait alors comme la lumière du monde, comme la lumière véritable.
• Aujourd’hui, dans ce dialogue avec Marthe et Marie, la révélation culmine à son sommet. Jésus se révèle comme «la Résurrection et la Vie ». Et cette Bonne Nouvelle, il nous faut l’accueillir. Nous recevons notre salut !

Quand Jésus se présente comme «la Résurrection et la Vie », nous sommes tournés vers sa divinité. Mais ce qui est frappant dans ce passage de l’Evangile de Saint Jean, c’est la manière subtile dont sont étroitement mêlées la divinité de Jésus et son humanité. Dans ce passage, Saint Jean nous montre vraiment que Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu. Qu’il est vrai homme et vrai Dieu. Son humanité transparait à travers la véritable amitié qu’il noue avec Marthe, Marie et Lazare. A plusieurs reprises l’évangéliste précise qu’il les aimait.

Cette famille vit un drame semblable à ces drames dont nous sommes témoins autour de nous. Lazare tombe malade. Ses deux sœurs alertent Jésus, qui aurait pu venir et le guérir. Jésus, accueille la question, mais malgré les sentiments d’émotion et d’affection qu’il nourrit à l’égard de Lazare, il va attendre deux jours avant de se mettre en route.

Pourquoi ? Pourquoi Jésus attend-il deux jours avant d’exaucer la prière des deux sœurs ? Pourquoi Jésus n’est-il pas venu plus vite ? C’est une question que nous nous posons toujours face à la souffrance, au malheur, à la mort… C’est l’éternelle question du mal : pourquoi Dieu le permet-il ? Jésus, dans l’Evangile, donne un début de réponse : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu afin que, par elle, le Fils de l’homme soit glorifié ». Et quand il apprend la mort effective de Lazare, il ajoute : « Je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez ».

Il est d’abord question de la gloire de Dieu, et ensuite il est question de la foi : « Pour que vous croyiez ».

La référence à la gloire de Dieu est une invitation à porter sur toutes choses un regard surnaturel illuminé par la gloire de Dieu, à tout considérer à la lumière de sa fin, à tout voir du point de vue de Dieu qui peut ressusciter les morts, alors même qu'ils sentent déjà !

C'est une invitation à ne pas nous enfermer dans nos perspectives matérialistes marquées par la finitude. Avec Dieu rien n'est jamais fini. Notre histoire avec Dieu, quoi qu'il arrive est toujours une histoire qui finit bien.

Pour porter sur toute chose ce regard surnaturel, ce regard qui donne sens, ce regard qui libère de toute angoisse, de toute peur, ce regard qui émerge du brouillard des larmes, ce qui regard qui ouvre à l’Espérance, nous avons besoin de la foi.

Dans l’évangile, Jésus est là, aux côtés de ses amies Marthe et Marie, pour que leur foi puisse s’affermir, grandir, consoler et rayonner.

Terminons par regarder l’attitude de Marthe. Elle est appelée, je crois, à une transformation «qualitative » de sa foi. Dans le dialogue avec Jésus, elle passe du «je sais » au «je crois ». Elle sait son catéchisme, Marthe, et elle le récite. Mais Jésus pousse plus loin. Il lui a fallu quatre délicats jours, et ce long dialogue avec Jésus, qui ne l’avait pas encore exaucée, pour passer du «je sais » au «je crois ». Pour passer des connaissances de son catéchisme, à une foi existentielle, à une foi vécue et qui fait vivre.

Mes amis, et si ce pèlerinage de ce jour, était aussi un jour béni pour vivre personnellement et ensemble ce saut qualitatif de notre foi ? Et si c’était une invitation à recevoir pour nous et à transmettre à nos enfants la vraie foi. Marthe elle connaissait bien son catéchisme. Et nous ? Et nos enfants ? Il a fallu quatre jours d’épreuves à Marthe pour faire ce chemin ! Et nous ? E comme Evangélisation ! Laissons-nous évangéliser par celui qui est le vainqueur du monde !

Tout ce que nous savons, c’est qu’avec Dieu, dans la foi, nous serons toujours vainqueurs. Avec Sainte Anne, modèle d’Espérance. L’histoire sainte est une histoire qui finit toujours bien. AMEN.