Homélie 4ème dimanche Avent – Année A
Homélie du 4è dimanche de l'Avent (transcription à partir de l'enregistrement audio de la messe de 11 heures)
Mes amis,
Nous avons vécu hier, ici même, tant dans la cathédrale que sur le parvis, une journée certes froide, très froide, mais tellement ensoleillée et ensoleillée de l'amour de Dieu. Une journée portes ouvertes contre vents et marées dans notre cathédrale :
- Accueil sur le parvis,
- jeu scénique des enfants de notre paroisse.
- Délicatesse devant la crèche, écoute, partage,
- annonce plus ou moins explicite du mystère de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il était 11 h hier, j'allais célébrer le baptême de Louis, le dernier enfant baptisé de notre paroisse, lorsqu'un jeune homme m'accoste et me dit « c'est bien de voir des chrétiens présents. Mais, j'avoue que là où je suis dans mon travail, je suis navré que l'on me dise "bonnes fêtes de fin d'année" au lieu de dire : « Joyeux Noël ». Et il ajoute en souriant. « Je suis décidé à dire à ceux que je rencontrerai en début d’année « Bonne et sainte année 2023 ».
Passer de la peur à la paix, passer des ténèbres à la lumière, passer de l'implicite à l'explicite.
Voulez vous qu'à la lumière de la Parole de Dieu entendue à l'instant,( parce que nous sommes entrés dans l’année liturgique A,) je vous propose un triple A !
A comme attente, A comme annonce et A comme admiration.
La deuxième lecture, issue des lettres de saint Paul, nous dit ceci « cet évangile que Dieu avait promis d'avance par ses prophètes dans les Saintes Écritures concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et selon l'Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d'entre les morts, le Jésus-Christ, Notre Seigneur. »
Tout est dit, frères et sœurs. Celui qui est, qui était et qui vient ; celui que les prophètes attendaient avec vigilance et persévérance ; celui que nous contemplons, celui que nous honorons, ce que nous contemplons à Noël est donc ce que Dieu avait promis d'avance et que le peuple hébreu attendait : une alliance sainte et éternelle, scellée dans la chair par l'incarnation de son Fils établi, Fils de Dieu.
Nous sommes déjà en vacances de Noël et pourtant il reste encore sept jours.
Et si nous décidions dans notre cœur de continuer le temps de l'attente ? Il y a un couple parmi vous qui attend un enfant. Il y en a d'autres parmi vous qui attendent peut être leurs enfants, leurs petits enfants qu’ils n’ont pas vus depuis trop longtemps ou pas assez longtemps. Joie de les accueillir très très prochainement. Il y en a d'autres parmi vous qui attendent un bilan de santé : peurs, craintes légitimes. Nos attentes sont plurielles, diverses et variées. « Venez, divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver. »
Le temps de la veille, le temps de l'attente. « Peuples qui marchez dans la longue nuit, le jour va bientôt se lever. »
Allez, encore sept jours pour relever le défi de l'attente du Fils de Dieu et célébrer l'anniversaire de sa naissance.
Mais comprenons, ce que tout à l'heure la préface va nous dire « pour qu'il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d'allégresse »
L’attente d'une naissance : 25 décembre. L'attente du jour du Noël !
Ensuite, le deuxième mot que je vous invite à méditer : c''est l'annonce.: A comme Annonce
Nous avons ici, oh que c'est beau ! Deux annonciations, deux parallèles, non pas deux cohabitations, non pas deux coalitions, mais deux vies qui se donnent dans le mystère même de Dieu. L'ange Gabriel dit à Marie « Sois sans crainte. L'esprit Saint repose sur toi, car rien n'est impossible à Dieu ».
Et Marie acquiesce et médite ces événements dans son cœur.
Qu'est ce que l'ange Gabriel dit à Joseph ? « Ne crains pas de prendre Marie chez toi ». Parfois, dans nos vies, nous avons peur. Peur du lendemain, peur de la guerre, peur de l'épidémie. Peurs, peur de perdre alors qu'avec le Christ nous devons vivre dans cette espérance qui n'élude pas les affres de la souffrance morale ou physique, qui n'élude pas parfois les coups bas ou les coups difficiles de notre existence.
Deux annonces : n'aie pas peur, sois sans crainte. Alors entendons l'Ange du Ciel nous dire confiance, n'aie pas peur, quelle que soit ton actualité, tu as du prix à mes yeux et je t'aime. Quelle place vas-tu me faire dans la crèche de ton cœur ? Ou mieux, est ce qu'il n'y a pas une étable dans ton cœur que tu n'as pas trop envie que je visite ? Et c'est pourtant là le lieu de ton salut. C'est ce lieu, cette étable que tu caches, que je veux illuminer de mon amour pour que tu avances et que tu sois en paix.
Le temps de l'attente, le temps de la douce annonce, et les deux annonces qui aboutissent en 2 adhésions.
Je ne sais pas vous, mais moi je suis marqué par Joseph, cet homme discret, pudique, pieux, juif. Il avait toutes les raisons, (pardon pour les termes d'aujourd'hui), de liquider Marie. C'est comme ça qu'on cause aujourd'hui quand on veut se séparer de quelqu'un. Quelle tristesse ! Et qu'est ce qu'il fait, alors qu'il est un juif pieux qui respecte la morale de son époque ?
Il discerne, il prie, il prend de la hauteur et la répudie en secret. Joseph nous montre une morale intelligente, une éthique de la vulnérabilité qui ne liquide personne, mais qui discerne pour le bien des personnes.
Il aime Marie. Il est amoureux de cette femme. Tant mieux. Il va comprendre petit à petit et il va adhérer non pas une idée, mais à cette conviction confiante que Dieu se donne à eux. Prendre le contre-pied de Dieu, ce n'est pas son combat. Mais prendre Marie déjà enceinte, ce n'est pas un choix résigné chez Joseph, mais un acte de sincérité. On ne perçoit jamais chez Joseph de la frustration, mais seulement une adhésion pleine de confiance. Ce n'est pas un frustré, Joseph. Il consent et accepte.
Et il s'étonne. Il s'émerveille. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique, non pas pour juger ou condamner ce monde, mais pour que par lui, ce monde soit sauvé. Passer de l'annonce implicite à l'annonce explicite, passer des ténèbres à la lumière.
Passer de la peur à la paix avec le triple A,
- A de l'attente
- A de l'annonce
- et le A de l'adhésion.
Et on peut même ajouter un quatrième ou un cinquième A ... J'y vais : l'admiration et l'adoration.
Dis moi qui tu adores, je te dirai qui tu es.
Christian de Chergé, prieur du monastère de Tibhirine, disait un jour je le cite :
« Aujourd'hui, comme il y a 2000 ans, il y a toujours un enfant à mettre au monde. »
Il s’est fait chair et il se fait chair chaque dimanche sur l'autel, par les mots de la consécration.
Il est grand, le mystère de la foi !
Que cette proclamation que nous dirons dans quelques instants, suscite en nous l'adoration véritable pour un si profond mystère.
C'était beau hier …. J’étais touché de voir notre paroisse en sortie, aller vers les périphéries ; touché de voir la délicatesse des partages : conversation avec un père ému de voir des enfants qui amènent leurs parents à s'émerveiller devant la crèche, touché de voir que nous sommes capables, frères et sœurs, de transmettre humblement, authentiquement, sincèrement la bonne nouvelle.
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. »
Sept jours pour qu'il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d'allégresse.
Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Si la semaine dernière je posais deux questions, rappelez-vous :
Qu’est-ce que le Seigneur a fait pour moi aujourd'hui ? (question à se poser chaque soir).
Et qu'est ce que j'ai fait pour le Bon Dieu et pour mes frères aujourd'hui ?
J'espère que ce fut votre belle activité spirituelle de la semaine.
Venez, divin messie nous rendre espoir et nous sauver. Amen.
P. Patrice Marivin