13 décembre 2022 - Cathédrale de Vannes
Mes amis,
Celles et ceux, parmi nous, qui se sont recueillis, ces derniers jours, au funérarium, près de Jean-Philippe, ont pu constater que ses proches avaient fait le choix de le revêtir de sa tenue de service préférée : celle du comédien.
Heureux choix, car Jésus recommande à ses disciples de « Rester en tenue de service, car on ne sait ni le jour ni l’heure. »
Lorsque, de manière inattendue, Jean-Philippe a tiré sa révérence, mercredi dernier, les trois coups frappés sur le plancher de sa vie ont retenti pour un baisser de rideau définitif.
Mais un autre rideau s’est levé, celui du «Mystère » de l’éternité que nombre d’artistes ont tenté de décrire, tel Dante dans la Divine Comédie, ou Fra Angelico dans la fresque du Jugement dernier.
« Ce qui se voit est provisoire, ce qui ne se voit pas est Eternel » !
Là haut, « On ne badine pas avec l’amour » et il n’y a pas de « Malade imaginaire ».
Le Dieu auquel nous croyons est d’un telle Patience et d’une telle Tendresse qu’il aura peut-être soufflé à l’oreille de Jean-Philippe :
« Avance …. Mais avant d’entrer en pleine lumière,
· passe d’abord par la salle d’attente pour prendre le vêtement blanc, celui des noces éternelles,
· passe par le lieu du dépouillement de tout ce qui encombre et assombrit ta vie.
· passe par le lieu de l’ajustement de ton cœur au cœur de Dieu.
ensuite, tu rejoindras tous ceux qui sont dans mon repos. »
« J’ai vu une foule, que nul ne pouvait dénombrer, ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main », nous dit l’apôtre Jean dans le livre de l’Apocalypse.
Jean-Philippe, tu es appelé à rejoindre cette foule immense. « Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures » nous dit Jésus dans l’Evangile. Et il ajoute : « Je pars vous préparer une place ».
Chers amis, est-ce que nous croyons aux promesses de Dieu ?
Parfois, nous doutons, nous nous interrogeons et c’est normal. Mais, au fond, personne ne veut se résoudre à penser qu’après la mort, c’est le néant. Nos proches, les êtres que nous avons chéris et aimés, nous espérons de toutes nos forces qu’ils sont vivants à cause de l’amour qu’ils ont semé, à cause du bien qu’ils ont donné, à cause de l’amitié qu’ils ont tissée, à cause de la fraternité qu’ils ont partagée.
Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, dans laquelle les réalités impérissables que nous avons vécues ne disparaissent jamais. C’est à cette existence qu’a été appelé Jean-Philippe.
Maintenant il sait qu’il n’y pas rien ou quelque chose, mais quelqu’un ! Le Christ Ressuscité ! Si j’ose ici… Le Souffleur de Confiance, le souffleur d’Espérance, le Souffleur d’Amour, le Metteur en scène éternel !
Loin des chemins de l’apparence, des vanités de ce monde ou de la gloire passagère, il est proposé à Jean-Philippe de rejoindre la cohorte des baladins de Dieu qui chantent et dansent sa gloire sur la scène éternelle !
C’est un peu poétique de le dire ainsi, mais je crois, que la vie que Dieu nous réserve sera au-delà de toutes nos espérances : « une éternité de délices » nous dit le psalmiste.
Aussi, je me prends à rêver que Jean-Philippe aura là-haut des fêtes aussi féeriques que celles qu’il a su organiser ici à Vannes …. fêtes historiques, fêtes d’Arvor ….
Et surtout, Fêtes de la Reine d’Arvor, ici dans notre cathédrale, pas la reine que l’on séduit mais celle qui nous regarde d’un œil tellement sincère et tellement maternel qu’elle nous conduit paisiblement vers son fils Jésus.
Notre Dame d’Arvor ! Conduisez Jean-Philippe aux joies de l’Eternité , là où tous, nous y serons un jour.
Je crois, oui, je crois qu’un jour,
ton jour, ô mon Dieu,
je m’avancerai vers toi
avec mes pas titubants,
avec toutes mes larmes dans mes mains,
et ce cœur merveilleux que tu nous as donné,
ce cœur trop grand pour nous
puisqu’il est fait pour toi…
Un jour je viendrai, et tu liras sur mon visage
toute la détresse, tous les combats,
tous les échecs des chemins de la liberté.
Et tu verras tout mon péché.
Mais je sais, ô mon Dieu
que ce n’est pas grave, le péché,
quand on est devant toi.
Car c’est devant les hommes que l’on est humilié.
mais devant toi, c’est merveilleux d’être si pauvre,
puisqu’on est tant aimé!
Mais un jour, ton jour, ô mon Dieu,
je viendrai vers toi.
Et dans la véritable explosion de ma résurrection,
je saurai enfin que la tendresse c’est toi
que ma liberté c’est encore toi
je viendrai vers toi, ô mon Dieu
et tu me donneras ton visage.
Je viendrai vers toi avec mon rêve le plus fou :
t’apporter le monde dans mes bras.
Je viendrai vers toi et je te crierai à pleine voix
toute la vérité de la vie sur la terre,
je te crierai mon cri qui vient du fond des âges :
« Père j’ai tenté d’être un Homme,
Et je suis ton enfant. »
Jacques Leclercq (1891-1971) - philosophe et prêtre
Amen !
Père Patrice MARIVIN