Homélie 3ème dimanche de l’Avent A
11 décembre 2022 - Cathédrale de Vannes
Il y a deux questions qu’il est bon de se poser chaque soir, au terme de notre journée, avant de dormir : «Qu’est-ce que le Seigneur a fait pour moi aujourd’hui ? – Qu’est-ce que j’ai fait pour lui et pour mes frères aujourd’hui ? ».
Nous sommes le dimanche de la JOIE ! Gaudete !
Comprenons d’abord ce que n’est pas la joie. Elle n’est pas une espèce de surexcitation, de l’ordre du sentiment, du ressenti ou d’une quelconque émotion qui nous traverserait de temps en temps. Bien sûr, nous pouvons éprouver une joie simple devant la beauté du chant liturgique ou une belle œuvre d’art. Cependant la joie des chrétiens s’enracine profondément dans la reconnaissance et l’action de grâces à cause des signes donnés, jour après jour, par Dieu dans son Amour. «Qu’est-ce que le Seigneur a fait pour moi aujourd’hui ». Le moteur, le dynamisme de la joie, c’est pour les croyants, de REPERER, de TROUVER, de CHERCHER dans la vie quotidienne, comment l’Esprit Saint agit, et comment nous accueillons Dieu coûte que coûte dans nos activités les plus ordinaires.
Il peut y a voir un deuil, un vague à l’âme, la lourdeur de l’existence, le poids d’un corps souffrant, une brouille en couple ou en famille, ou encore un événement douloureux qui assombrit l’existence. La joie n’est pas une gomme qui permet d’effacer nos épreuves et nos difficultés.
Pour nous, disciples de Jésus-Christ, la joie vient de Dieu. Elle jaillit en nous à chaque fois que choisissons de vivre dans l’esprit des béatitudes et à chaque fois que nous accueillons l’amour de Dieu.
Car c’est un Dieu aimant que Jésus nous a révélé, un Dieu qui se donne gratuitement, qui est avec nous et qui chemine avec nous depuis qu’il s’est incarné, qu’il a pris chair de notre chair, qu’il s’est fait homme.
Reprenons l’Evangile. Jean-Baptiste est en prison. Une vraie prison froide, lugubre, avec des barreaux. Comme nous, il vit dans un monde troublé politiquement et religieusement. Des courants s’affrontent violemment. Des visions de Dieu et de l’avenir s’opposent. Comme nous peut-être parfois, Jean-Baptiste est assailli par le doute sur l’identité de celui qui est pourtant son cousin et en qui il a déjà reconnu l’Agneau de Dieu. Dans l’obscurité, il envoie ses disciples demander à Jésus : «Est-ce que Jésus est bien celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?... Et il faut vraiment accueillir la réponse. Jésus ne dit pas « mais oui bien sûr c’est moi ». Ce serait tellement plus simple mais finalement trop abstrait. Il dira simplement : «Les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Voilà ce qu’il nous faut répondre à ceux qui nous interrogent sur le Seigneur Jésus…
«Qu’est-ce que le Seigneur a fait pour moi aujourd’hui ? Qu’est-ce que j’ai fait pour Lui et pour mes frères aujourd’hui ? ».
Ne faisons pas de notre foi un assemblage abstrait de théories où les doutent se multiplient. Faisons de notre foi un tremplin pour entrer dans cette belle patience évoquée par Saint Jacques. Il faut le temps des semailles, le temps de la pousse et le temps des récoltes.
Le royaume de Dieu que Jésus a proclamé tout au long des évangiles continue de grandir dans notre monde, malgré les craquements inévitables du péché.
« Le Royaume de Dieu n'est pas une expression poétique, vaguement spirituelle, mais une réalité agissante, vivante, qui conduit notre histoire humaine et la vie de l'univers. C'est ici-bas et pas ailleurs, que le monde nouveau, celui de la charité et de l'amour, peut prendre naissance. Notre mission, la mission des chrétiens, la mission de l'Église, c'est de veiller de toutes nos forces sur ce mystérieux enfantement du royaume. » (Cf Adrien Candiard -Quelques mots avant l’Apocalypse)
Je voudrais terminer mon homélie par citer deux papes : François et Paul VI…
Tout d’abord notre pape François :
«Le grand risque de notre monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste, bien installée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n'écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent ».
Et Enfin Paul VI : «Que le monde de notre temps qui cherche tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’Espérance puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de chrétiens dont la vie rayonne de ferveur, qui, les premiers, ont reçu en eux la joie du Christ ».
Gaudete ! Réjouissons-nous ! AMEN.
Père Patrice Marivin