Homélie 29ème dimanche du Temps Ordinaire (C)
16 octobre 2022
Aujourd’hui, Jésus nous interpelle sur la « nécessité de toujours prier sans se décourager » Lc 18, 1. Il va prendre le temps, alors qu’il effectue sa dernière montée à Jérusalem, de nous faire comprendre par une parabole l’importance de la prière. Pourtant, nous avons beau connaître cette parabole depuis 2000 ans, nous sommes bien souvent dans le même désarroi que les apôtres en ayant l’impression que nos prières ne sont pas exaucées. Nous connaissons tous cette tentation de nous dire : « finalement, à quoi bon prier ? »
C’est justement contre cette tentation que Jésus veut nous mettre en garde. Il nous montre que notre vie de prière et notre foi sont intimement liées. Il commence en nous exhortant à « toujours prier sans se décourager » et il termine en questionnant « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Ce lien entre prière et foi est au cœur de notre vie de baptisés.
Jésus sait très bien que la foi n’est pas une idée, encore moins une conviction mais c’est une relation. La foi, c’est cette attitude de sans cesse se remettre entre les mains de Dieu pour tout recevoir de lui. Et Jésus durant tout son ministère ne cessera pas de révéler et d’expliciter pour nous ce grand mystère de la foi. Jésus et l’Église à sa suite nous donne des clés pour surmonter les épreuves de la foi et les obstacles de la prière.
- Le Christ nous donne tout d’abord la disposition intérieure qui doit nous habiter : la conscience, comme cette veuve, de notre pauvreté et de notre fragilité. Reconnaitre sincèrement que sans Dieu, nous ne pouvons rien faire. Cette humble reconnaissance de notre condition n’est pas un mépris de notre personne, c’est une ouverture vers celui qui peut nous faire grandir et nous accompagner. Jésus nous résume cela en nous disant : « Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux ». C’est en ayant les mains vides, ouvertes et tournées vers le Seigneur, que nous pouvons accueillir son royaume.
- Ensuite Jésus nous enseigne un comportement: la persévérance dans la prière jusqu’à l’obstination! Répéter cette prière, jour après jour pour ne pas que notre foi s’éteigne. La prière n’est pas une formule magique, c’est l’expression de notre foi. En priant, nous montrons à Dieu qu’il est le plus important dans nos vies. Ces temps de prières sont des actes d’amour gratuits pour Dieu et petit à petit, ils nous façonnent de l’intérieur. Cette prière c’est en quelque sorte le carburant de notre foi et il n’y a pas de pénurie pour ce carburant-là !
Si Jésus a pris le temps de nous enseigner ces clés de la vie spirituelle, la première lecture de ce dimanche nous en donne une illustration concrète.
Alors que Moïse conduit le peuple d’Israël à travers le désert, ce dernier se voit attaqué par les Amalécites. Moïse pourrait être tenté d’aller au milieu de la bataille pour exhorter ses troupes mais au lieu de ça, il monte au sommet de la colline, il ouvre ses mains, les tourne vers le Seigneur et les élève pour que sa prière monte jusqu’à Dieu. Au cœur du combat, Moïse commence par prier. Il sait que seul Dieu peut lui faire traverser cette épreuve. Cet exemple de Moïse nous encourage à ne jamais baisser les bras, ne jamais se résigner à croire qu’une situation est désespérée : rien n’est impossible à Dieu.
Pourtant, malgré tous nos efforts, la lassitude peut nous faire baisser les bras. Moïse lui-même n’a pas réussi à garder ses bras levés. Il a eu besoin de l’aide d’Aaron et de Hour. Nous aussi nous ne sommes pas seuls pour avancer dans notre vie de foi, nous devons nous soutenir les uns les autres dans la prière. Tour à tour nous prenons la place de Moïse qui a besoin d’être soutenu, puis celle d’Aaron qui soutient son frère qui peine sous le poids de l’épreuve. Même lorsque nous ne sommes pas entourés de frères qui prient avec nous, n’oublions pas qu’il y a de nombreux saints qui n’attendent que d’être sollicités pour nous venir en aide. Faisons-nous des amis au ciel ! Prenons le temps de nouer une relation avec tel ou tel saint vers qui nous aimons nous tourner pour qu’il soit notre compagnon de route.
Au cours de cette eucharistie, présentons-nous devant Dieu en reconnaissant notre pauvreté, en ayant les mains vides pour qu’elles puissent recueillir sa grâce. Demandons-lui cette persévérance dans la prière jusqu’à l’obstination pour que notre foi ne s’éteigne pas. Et redisons à l’unisson avec tous nos amis du ciel : « Le secours me viendra du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre ». Amen.
P. Thibault de Bruyn