24è dimanche du temps ordinaire
Ecouter l'homélie de ce dimanche, prêchée à 11 heures, par le père Thibault de Bryun : homelie-messe-11septembre
Jésus, comme dimanche dernier, est toujours entouré de cette foule qui fait route avec lui. Parmi eux, des pauvres, des estropiés, des publicains, des pécheurs qui ont reconnu en Jésus leur unique planche de salut. Et puis il y a aussi des pharisiens. Ces pharisiens, souvent décrié dans l’Évangile, ne sont pas particulièrement mauvais. Au contraire, ils sont pieux et fidèles à la Loi de Moïse qu’ils essayent d’appliquer le mieux possible pour plaire à Dieu. Jésus les prend souvent à contre-pied car il veut leur montrer le but ultime de la Loi : la Charité.
Les pharisiens sont choqués par l’attitude de Jésus qui s’approche des publicains et des pêcheurs car dans leur compréhension de Dieu, c’est impossible que Dieu se mêle aux pêcheurs. C’est impossible que la sainteté côtoie le péché. Et pourtant, combien de fois nous constatons en nous-même la cohabitation de la sainteté et du péché…
Jésus va tenter de nous faire dépasser nos schémas préétablis de Dieu. Il va nous montrer ce qui anime le cœur profond de Dieu par les trois paraboles que nous venons d’entendre.
Dans la parabole du « fils prodigue » il y a un point commun entre les deux frères. Le fils prodigue revient tout honteux devant son père et veut demander à son père de ne plus le considérer comme son fils mais comme un simple serviteur. Pourquoi ? Parce qu’il ne mérite plus d’être appelé son fils. Le fils aîné quant à lui est jaloux de voir la fête qui est donnée pour le retour de son frère. Pourquoi ? Parce qu’il est resté tout le temps auprès de son père et qu’il mérite de pouvoir faire la fête avec ses amis. Le Mérite, voilà le cœur du problème. Notre conception du mérite est bien souvent à l’origine de nombreux conflits :
« Je me suis donné corps et âme pour mes enfants et voilà qu’aujourd’hui ils me rejettent. Je ne mérite pas ça. »
« J’ai un trop gros péché sur la conscience, je ne mérite plus l’amour de Dieu. »
Lorsque nous raisonnons de la sorte, nous entrons dans une logique du mérite humain. Pour qu’il y ait mérite, il faut un certain rapport d’égalité entre les deux partis : par exemple dans un match de rugby, l’équipe qui a montré la meilleure qualité de jeu mérite de gagner. Mais quand nous sommes d’un côté du terrain et que Dieu est de l’autre côté, quelle proportion entre les deux joueurs ? Quelle proportion entre mes bonnes actions, mes actes de charité et l’amour que Dieu me porte. C’est incomparable ! Heureusement que Dieu ne compte pas le nombre de mes bonnes actions pour me donner l’amour que j’aurais mérité. Dieu n’est pas un comptable ! Saint Augustin dirait que parmi nous personne ne mérite d’être ici et de pouvoir participer à la messe. C’est par pure grâce que Dieu nous invite à venir. Avec Dieu, tout est gratuit. C’est ce que les publicains et les pêcheurs, peut-être plus conscient de leur faiblesse et de leur petitesse, ont compris plus vite : Dieu seul peut les sauver. C’est plus difficile pour celui qui croit pouvoir mériter ce salut de comprendre que le salut est gratuit pour nous mais aussi pour nos frères.
Si pour nous le salut est gratuit, il y en a tout de même un qui a payé pour nous tous : le Christ. Et il nous fait bénéficier gratuitement de ce rachat. Alors c’est ce qui nous conduit à l’attitude commune dans ces trois paraboles : la joie !
Ce berger qui a retrouvé sa brebis égarée, cette femme qui a retrouvé sa pièce d’argent et ce père qui a vu revenir son fils, se sont tous empressés de prévenir amis et voisins pour faire la fête avec eux. La Joie est un fruit de l’Esprit nous dit Saint Paul. C’est le fruit qui est produit chez celui qui accueille le salut avec un cœur simple, un cœur qui ne comptabilise pas, un cœur d’enfant. Ne nous privons pas de cueillir ce fruit de la joie dans nos vies, dans nos familles et particulièrement dans notre communauté chrétienne. Quand est-ce que pour la dernière fois, nous avons couru annoncer à notre conjoint, à nos enfants à nos amis la dernière merveille que le Seigneur a fait dans notre vie ?
Cette joie que le Seigneur nous donne chaque fois qu’il vient à notre rencontre est faite pour être partagée. A l’approche de notre rentrée paroissiale, demandons au Seigneur cette grâce de savoir partager cette joie dans la simplicité au sein de notre communauté. Que nous soyons tout brulant, chaque dimanche d’échanger les uns avec les autres pour partager cette joie d’être chrétien, cette joie de savoir que rien, pas même la mort, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. Amen.
Père Thibault de Bruyn