Homélie 23ème dimanche ordinaire C
Prononcée à la messe de 11 heures et 18h00
Nous voici repartis ! La rentrée scolaire vient de se vivre !
Un jeune lycéen (qui entre en seconde), ici à Vannes, me disait hier, avoir apprécié être accueilli, appelé par son nom, et que toute sa classe entende, en même temps, l’esprit qui devra régner tout au long de l’année, allant du règlement intérieur aux manières de vivre les évaluations !
Peut-être, est-ce bon, pour nous aussi, en ce début d’année pastorale, de nous rappeler ensemble, la raison de notre présence dans notre assemblée ? Si nous sommes ici, ce matin, et pas ailleurs, c’est par amour pour le Christ, ou, pour faire écho à l’évangile, c’est parce que nous voulons être ses disciples. Nous avons très concrètement renoncé à d’autres activités ce matin, louables en soi, pour choisir de LE rencontrer dans sa Parole et dans son Eucharistie.
Et ce matin, dans sa parole, Jésus donne des conseils précis à ceux qui veulent le suivre. « Si quelqu'un vient à moi… » et parmi ses conseils, ce qu’il préconise est assez rude à entendre ! Il s’agit de recomposer nos priorités !
Le premier conseil est de replacer tous nos liens affectifs, quels qu’il soient, sur l’axe de la relation au Christ.
Il s'agit de préférer le Christ à tout, même à son père, sa mère, ses sœurs, ses frères. Le Christ revendique la première place dans notre cœur et dans notre vie quotidienne.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’oublier sa famille,(le commandement d'honorer son père et sa mère n’est pas aboli !) Mais Jésus sait que la famille parfois développe des rigidités dans les relations, des enfermements subtils dans les opinions. Or pour suivre le Christ, il faut être libre dans son âme et dans son cœur. C’est en vivant la plénitude de notre baptême que nous devenons libre et que nous pourrons devenir disciple-missionnaire.
Et bonne nouvelle cela ne concerne pas uniquement les personnes consacrées dans la vie sacerdotale ou religieuse, mais chacun d’entre nous. Dieu premier servi ! est la devise des scouts. Faisons-en la nôtre aussi.
Le second conseil est de renoncer à se voir comme le centre du monde pour s’appuyer sur le Christ !
En effet, porter sa croix, c'est traverser, comme le Christ, les épreuves jusqu’au bout, même au prix de l’humiliation. Porter sa croix comme Jésus, c'est « ne pas rougir de lui » et reconnaitre que nous avons besoin d’être sauvés….
« Tout vient de Lui, tout est pour Lui » qu’il nous délivre de la tentation de tout de tout contrôler et de tout maîtriser.
Aujourd’hui, beaucoup pensent que la technique nous sauvera ! D’autres se croient meilleurs que les autres, plus malins, plus habiles, plus doués …. Et ils aiment faire des comparaisons sur les réseaux sociaux, jouer les influenceurs pour cataloguer, étiqueter.
J’en reviens à mon lycéen ! Il me confiait qu’au collège où il était, il était naturel de mettre des étiquettes sur les autres ! Ecoutez bien ! 5 catégories d’élèves ! Du pire au plus classe ! Les paumés – les intellos – les normaux - les stylés qui ont du charisme – et enfin les populaires ! Tout un programme (pas sourire !)…
Mais Jésus nous prévient : le suivre, c'est suivre un maître humilié, crucifié, loin de nos idoles, loin de nos glorioles, loin de nos visions étriquées de superman. Suivre Jésus c’est renoncer à soi-même pour s’abandonner à lui dans la confiance …..
Le troisième conseil c’est être prêt à lâcher tout ce qui est de l’ordre de l’avoir.
Pour autant, Jésus ne préconise pas la misère ni la pauvreté ! Mais il nous invite à une sagesse de vie bien concrète.
- Comment un homme qui met tout son intérêt dans ses biens, peut-il encore s'attacher au Christ ?
- Comment un homme qui met toute sa sécurité dans ses richesses, peut-il se confier au Christ comme doit le faire, de tout son cœur, un vrai disciple ?
Il y a une logique : si le Christ est tout, alors on ne peut pas aller vers lui avec tout ce qu'on a entassé, amassé !
C'est cette logique que Jésus illustre par les deux petites paraboles :
- Quand on construit une tour, on calcule avant, pour savoir si on peut aller jusqu'au bout de la construction…
- Si on fait la guerre, on calcule si on a ce qu'il faut pour remporter la victoire…
De même, si on veut suivre Jésus il vaut mieux savoir jusqu'où cela va nous mener et les exigences qui vont en découler.
Il faut l’avouer ! Nous aimerions parfois un évangile moins radical, un évangile qui se contente de conforter nos quêtes immédiates de sécurité sans rien déranger de nos priorités, ni de nos attachements.
Mais l’Evangile vient nous chercher autrement, du dedans, au cœur même des options que nous avons à prendre si vous voulons nous dire DU CHRIST.
Notre vie et nos décisions doivent être orientées vers le mystère pascal et vers le visage du crucifié – ressuscité, figure du Dieu vivant. Notre bonheur est au prix, parfois de certains renoncements, mais n’oublions pas que nous ne sommes pas seuls à porter notre croix !
Et si suivre le Christ, c’était faire un peu de tri et du ménage dans mon cœur ! Quittons la triste illusion de nos indépendances et du «chacun pour soi » !
Qu’est-ce qui est objectivement juste à vivre, devant le Seigneur, en famille, en communauté, en paroisse ?
Suis-je guidé par les modes et les mondanités ou par une juste Vérité qui nous rend libres ?
N’oublions jamais que la grâce tout en nous dépouillant du vieil homme qui s’en va à sa perte, nous revêt du Christ pour la vie éternelle. Là est notre espérance ! Là est la vraie raison qui nous rassemble ! AMEN.
P. Patrice Marivin