3ème dimanche de Pâques 2022
Magnifique passage d’Evangile entendu à l’instant ! La finale de l’évangile selon Saint Jean !
Un Evangile riche en symboles et en souvenirs que l’on peut représenter en trois tableaux !
- D’abord une pêche miraculeuse en présence du Christ, après une pêche infructueuse en son absence ;
- Un petit déjeuner partagé qui fait écho au dernier repas.
- Un dialogue intime entre Jésus et Pierre
Reprenons point par point :
D’abord la pêche. Nous sentons bien au début du récit, l’atmosphère déprimée des disciples. Ils ont pêché de nuit, dans la nuit, sans rien prendre.
La nuit est le temps de l’échec. L’échec des Apôtres, le nôtre aussi quand nous sommes dans la tristesse, la fatigue ou le découragement ! Mais la nuit fait place peu à peu à la lumière. Le petit matin arrive et une présence sur le rivage les tire de leur morosité. Elle les encourage, les invite à recommencer. Et le miracle se produit. Leurs filets sont pleins.
Cette pêche abondante fait alors écho à une autre pêche qui les avait, elle aussi, surpris et mis en route. Pas de doute, c’est le Christ. C’est Lui ! Sa marque, son style c’est l’abondance, la profusion ! Il n’y a que lui pour créer une explosion de vie.
Alors, leurs yeux s’ouvrent et ils font l’expérience de la vie nouvelle que Jésus infuse dans leurs vies par la grâce de sa résurrection.
Jésus ressuscité les rejoint, nous rejoint, dans toutes les circonstances de notre vie, il nous encourage, nous donne sa vie, celle qu’il a reçue de Dieu son Père comme un don inespéré après l’échec et la mort sur la Croix.
Puis, au bord du rivage, une collation, un repas frugal qui fait contraste avec le dernier repas du jeudi-saint, « désiré d’un grand désir » et dont ils se souviennent encore.
Ils se rappellent le grand passage de la Pâques, de la mer vers la terre. La mer est ce lieu difficile et parfois dangereux. Elle représente aussi la vie dans sa dimension d’effort, de combat et de travail. On rame souvent en mer et parfois à contre-courant. Jésus, lui, est à terre. Il est sur le lieu de sa victoire sur la mort. Cette terre représente déjà le ciel, car Jésus Ressuscité appartient au Ciel.
Sur le rivage, les disciples reprennent sens. Jésus leur a préparé lui-même un peu de pain, quelques poissons, un feu de braise. C’est son corps livré au feu de l’amour sur la Croix et donné en nourriture pour qu’ils vivent toujours avec lui. C’est cette même nourriture du ciel qui nous est offerte en cette messe pour rencontrer le Christ vivant.
Tout l’amour de Dieu est là dans ce repas que Jésus offre au lever de ce jour nouveau. Lorsque nous cherchons à imaginer ce que sera notre rencontre avec Dieu après la mort, la réponse est ici ce matin dans le repas eucharistique. Par le pain et vin devenus Corps et sang, Dieu pour nous dit son amour et se donne à nous totalement en son Fils Bien-aimé.
A la fin du repas, Jésus demande à Pierre par trois fois s’il l’aime, comme pour effacer le triple reniement de la nuit du jeudi saint. Par-delà la trahison et le péché, voici le pardon, et après le pardon, la vie renouvelée et l’appel à aimer.
Cette question de Jésus à Pierre, nous pouvons l’entendre pour chacun d’entre nous. La laisser retentir en nous pour ne pas rester anéantis par nos chaos intérieurs.
L’amour est plus fort que la mort, Pierre le sait, il l’a vécu dans sa chair. L’aliment de toute vie, c’est l’amour et le pardon.
A nous de nous laisser conduire par le Christ modestement, pauvrement, avec tout ce que nous sommes, notre foi, nos questions.
Avec nos forces et nos faiblesses, nous pouvons dire au Seigneur : «Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ». AMEN.
P. Patrice Marivin