5è dimanche du temps ordinaire - C
Trois personnes, 3 itinéraires de vie que Dieu est venu bousculer. 3 hommes qui ont accepté de prendre au sérieux, l’appel que Dieu leur a adressé.
Isaïe, Pierre et Paul, chacun va faire une rencontre percutante avec le Seigneur et chacun va commencer par avoir une réaction de terreur et d’effroi devant la gloire de Dieu qui les rejoint dans leur petitesse d’homme. « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »
Cette réaction peut nous paraître primitive, telle la peur d’un Dieu vengeur et colérique, et c’est l’image que certains de nos contemporains ont de Dieu. Pour nous chrétiens, nous n’attendons qu’une seule chose, que ce Dieu d’amour en qui nous avons foi, s’approche de nous et nous comble de sa grâce. Et cela est bon, notre cœur est fait pour ça !
Mais est-ce que nous ne faisons pas souvent de Dieu, un Dieu à notre mesure ? Un Dieu qui devrait se plier à venir à ma rencontre lorsque JE suis disponible, de la manière dont JE décide et pendant le temps que JE lui accorde. N’est-ce pas trop souvent de cette façon que nous agissons avec Dieu ?
Alors cette attitude de crainte filiale, une juste crainte de Dieu, qu’éprouvent Isaïe, Pierre et Paul nous remet à notre juste place. Oui, chaque fois que Dieu vient à notre rencontre, nous vivons un évènement unique et extraordinaire ! Chaque fois que nous participons à la messe, où Dieu se fait si proche qu’il vient en nous, nous devrions avoir le cœur qui frémit lorsque face au Seigneur de l’univers, à l’Agneau de Dieu sans tache nous disons « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri ». A ce moment-là seulement peut raisonner avec toute sa force et sa puissance de guérison cette parole de Jésus : « Sois sans crainte ». C’est le Seigneur lui-même qui vient nous rejoindre là où nous en avons le plus besoin car LUI nous connait, de la manière que LUI a choisi et pour que nous allions là où LUI nous envoie.
Le Seigneur nous envoie mais pas n’importe comment. Dans cette page d’Évangile, Jésus nous montre le chemin pour être des disciples selon le cœur de Dieu.
La foule se presse pour entendre la Parole de Dieu et Jésus choisit un moyen pour leur transmettre cette parole : il monte dans la barque de Pierre.
Frères et sœurs, partout dans le monde et à travers les siècles des hommes et des femmes ont soif de l’Évangile et Dieu a choisi l’Église, la barque de Pierre, pour leur transmettre cette Bonne Nouvelle.
Jésus et ses disciples sont donc sur cette barque et Jésus commence par enseigner. Il commence par répandre la Bonne Nouvelle du Royaume. Mais il ne s’arrête pas là, à cette parole il joint un geste : celui de la pêche miraculeuse. Geste et parole, c’est ce qui caractérise un sacrement, c’est-à-dire Dieu qui agit lui-même dans nos vies. Dans toute mission, c’est Dieu qui agit, mais il veut nous faire coopérer. Jésus adresse à chacun de nous cette parole : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche ». Vous remarquerez que dans cet appel du Seigneur il y a une dimension personnelle et une dimension communautaire :
- Avance au large, duc in altum, c’est-à-dire accepte de sortir de ta zone de confort, accepte d’aller au-delà de ce que tu connais, de ce que tu maitrises. Ose aller aux périphéries (peut-être en essayant ne serait-ce qu’une fois l’évangélisation de parvis, et pourquoi pas en famille !). Mais altum, c’est aussi la profondeur. Avance dans la profondeur de ton âme.
Où en est notre relation à Dieu ? Une relation ne peut pas être figée, soit elle s’approfondit, soit elle s’assèche… Quels moyens concrets prenons-nous pour approfondir notre relation à Dieu, par des moments de prières bien sûr mais aussi par des temps d’enseignement comme cette foule autour de Jésus. N’ayez pas peur d’interpeller vos pasteurs si vous manquez de nourriture spirituelle ou intellectuelle. Profitez de notre démarche synodale pour exprimer vos besoins pour avancer dans votre amitié avec le Christ.
- L’Église est notre mère, qui nourrit en nous la vie de Dieu mais elle est aussi cette belle communauté de croyants que nous formons. C’est pourquoi, après cet appel personnel, Jésus nous adresse un appel communautaire : jetez vos filets pour la pêche ! C’est ensemble que se déploie la mission. Dieu veut que nous coopérions avec lui et il veut aussi que nous coopérions entre nous. Soyons créatifs, ensemble, pour ouvrir de nouveaux chemins d’annonce de notre Seigneur à tous les hommes et les femmes de notre temps.
Ces deux faces, personnelle et communautaire, de l’unique appel que nous adresse le Christ sont les conditions d’un témoignage authentique. Nous pourrions résumer par disponibilité et audace ce qu’il nous faut demander au Seigneur pour vivre en véritable témoins de l’Évangile.
Que nous puissions grâce à cette disponibilité et cette audace répondre à l’exhortation de Saint Paul : « cet Évangile, nous l’avons reçu ; c’est en lui que nous tenons bon, c’est par lui que nous serons sauvés ». Amen
Thibault De Bruyn, diacre