4è dimanche du Temps ordinaire
Aujourd’hui l’Evangile ( c’est-à-dire la Bonne Nouvelle), est annoncée aux pauvres. C’est d’ailleurs cette question que nous devons nous poser à chaque fois que nous entendons l’Evangile : qu’elle est la Bonne Nouvelle, pour nous, aujourd’hui ?
Dans l’Evangile de ce jour, il y a 2 temps très contrastés :
Jésus revient à Nazareth, parmi les siens, pour annoncer : « Le Seigneur m’a envoyé proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres ». Parole qui suscite, dans un 1er temps, de l’admiration : « Tous lui rendaient témoignage, et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche ».
Et puis le doute, comme le Malin, s’insinue dans son auditoire : « Mais celui-ci, n’est-il pas le fils de Joseph ? » Comment peut-il être le Messie ?
Et à la réponse de Jésus, devant leur cœurs endurcis : « Aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays », c’est la colère, et même la haine qui surgissent, jusqu’à vouloir sa mort en le jetant du haut d’une colline. Voilà que commence pour Jésus, parmi les siens, le début de son chemin de croix. Lui, « la lumière du monde », « est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu », selon le prologue de St Jean.
L’aujourd’hui de Dieu, c’est de venir parmi nous pour faire « toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21, 5). Comme pour Zachée, par exemple : « Descends vite, AUJOURD’HUI, il me faut demeurer chez toi »
Bonne Nouvelle annoncée à tous les pauvres de la terre, en commençant par nous, « pour que nous ayons la vie, et la vie en abondance ».
Le prophète JEREMIE, dans la 1ère lecture, a connu les mêmes épreuves que Jésus. Pauvre Jérémie, pourrait–t-on dire, à lire ses « jérémiades ». Voilà un homme timide, qui dit de lui-même « Je ne sais pas parler », et qui devient prophète presque malgré lui,
Prophète, au temps de la déportation du peuple juif à Babylone, il avait une âme tendre, faite pour aimer, et le voilà envoyé contre les siens pour « arracher, renverser, et pour démolir » !
Comme tous les prophètes, Jérémie est déjà une figure de Jésus, « doux et humble de cœur », et lui aussi rejeté par les siens, et obligé de « durcir son visage » à l’approche de Jérusalem.
Jérémie, nous ressemble aussi un peu, n’est-ce pas ? Nous aussi, nous sommes envoyés par notre baptême pour annoncer la Bonne Nouvelle dans le monde. Et combien de fois avons-nous eu peur de parler, particulièrement parmi nos proches. Ou avons-nous préféré rester tranquillement chez nous plutôt que de répondre à tel ou tel appel de l’Esprit Saint que l’Eglise, un pauvre ou un souffrant nous adressaient ?
Et bien, à Jérémie comme à chacun de nous, le Seigneur adresse cette parole de réconfort, et, par dessus tout, de son immense Miséricorde : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ». Et connaître, dans la bible, ce n’est pas une simple connaissance intellectuelle, c’est une connaissance intime, comme celle des époux, une connaissance dans l’amour !
Cette une autre façon de nous redire cette parole reçue par chacun de nous à notre baptême : « Tu es mon enfant bien aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » ! Le mot miséricorde, d’ailleurs, signifie « entrailles de mère », en hébreu. La Miséricorde, c’est l’amour de Dieu qui donne vie, et redonne vie sans cesse.
C’est cette parole-là seule, frères et sœurs, qui peut à la fois nous consoler, nous relever et nous guérir de nos blessures les plus profondes. Mais il faut toute une vie pour le comprendre pleinement, et c’est au dernier jour seulement, comme le dit Saint Paul dans la 2ème lecture, que nous le comprendrons car « aujourd’hui, ma connaissance est partielle mais, ce jour-là, je connaitrai parfaitement comme j’ai été connu ».
SAINT PAUL nous livre ainsi cet hymne magnifique à la charité. Il nous redit à sa façon la proclamation du prologue de Saint Jean : « Dieu est Amour ! ». Sans Dieu, nous ne sommes rien ; sans amour, nous ne sommes rien. Pour mieux le comprendre, on pourrait faire l’exercice de remplacer le mot « Amour » dans ce texte par « Dieu » : « Dieu prend patience, Dieu espère tout, endure tout »… etc. Et c'est de nous qu’il s’agit !
Et pourtant Saint Paul fut d’abord un ennemi acharné du Christ et de ses disciples. Et voilà que sur le chemin de Damas, une lumière l’aveugle et il est précipité à terre. C’est la conversion de saint Paul que nous venons de fêter cette semaine. Et la réponse de Dieu à la violence de Paul envers lui, est, là encore, une réponse de Miséricorde : « Tu vas retrouver le vue et tu seras rempli de l’Esprit Saint ». Et « Je t’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès de toutes les nations ! »
Oui, la vie de Jérémie, de Saint Paul, comme la nôtre, est un long chemin de conversion et un combat d’abord contre nous-même, sans cesse recommencé. Mais où Dieu nous tient dans sa main et sa tendresse. Et ceux-là, qui marchent avec Lui malgré leurs faiblesses, ces sont les saints « qui ont fait sa joie au long des âges » (Prière Eucharistique II, dans la Nouvelle Traduction du Missel Romain). C’est cette invitation à « marcher avec Lui » qui retentit à nouveau aujourd’hui.
C’est pour répondre à cet appel et à la prière de Jésus : « Que tous soient un », que le pape François a lancé un grand synode de toute l’Eglise. Un appel à « marcher ensemble » (c’est la signification du mot « synode ») mais avec l’Esprit Saint !
« Nous cheminons ensemble, dit le Pape, pour faire l’expérience d’une Eglise qui reçoit et vit le don de l’unité et s’ouvre à la voix de l’Esprit Saint ».
Le pape, et donc notre diocèse et notre paroisse, nous invitent à vivre « un évènement de grâce, un processus de guérison conduit par l’Esprit Saint ».
Frères et sœurs, qui pourrait avoir envie de passer à côté d’une telle grâce ? Alors soyons attentifs aux propositions qui nous seront faites tout à l’heure par notre curé, pour entrer dans cette démarche.
Est-ce que la fin des temps est proche, frères est sœurs ? On pourrait le croire…. Mais nul ne le sait. La parole de Dieu, elle, est éternelle, et elle est toujours pour aujourd’hui !
Amen.
Etienne ROGINSKI- Diacre